Ne dites pas à Charles Guay qu'il est le nouveau président d'un des plus grands assureurs au Canada. Standard Life se définit maintenant comme une société d'épargne et de placement, même si elle reste la plus ancienne compagnie d'assurances du pays.

En fait, la société écossaise s'est installée au Québec en 1833, avant la Confédération. «Le premier premier ministre du Canada, John Alexander Macdonald, avait une police chez nous», a rappelé Gerry Grimstone, président du conseil de Standard Life UK.

Les dirigeants écossais étaient de passage à Montréal, hier, pendant que Standard Life procédait à l'émission de 400 millions de dollars de débentures, à 3,9%, «le taux le plus faible jamais payé par une compagnie d'assurances au Canada», s'est félicité Charles Guay, président de Standard Life Canada, depuis février.

Avec son siège social à Montréal, la filiale canadienne compte environ 2000 employés, dont 1600 au Québec. Elle a des actifs administrés de 42 milliards et est responsable du tiers des bénéfices de la société mère.

Virage retraite

Mais Standard Life Canada a amorcé un virage en 2012. En janvier, elle a cessé de vendre de l'assurance-vie individuelle. Et en avril, elle a suspendu la vente de ses fonds avec garantie de retrait à vie. Avec la baisse des taux d'intérêt et la volatilité des marchés, de nombreux assureurs ont dû sabrer ces produits qui promettaient un revenu annuel minimum.

«Ce n'était pas le coeur de notre compagnie et ça nécessitait beaucoup de capital. Nous avons décidé que ce n'était plus stratégique», explique M. Guay.

Désormais, Standard Life se concentre sur l'épargne-retraite, en particulier sur les régimes de retraite à cotisations déterminées offerts par les employeurs.

Dans le secteur privé, les entreprises migrent vers ce genre de régime qui aide les employés à accumuler de l'argent en vue de la retraite, sans leur promettre une rente comme les régimes à prestations déterminées. Une tendance qui ne fait que commencer...

«Au Royaume-Uni, pratiquement tous les régimes à prestations déterminées sont maintenant fermés aux nouveaux employés. C'est devenu un avantage qui coûte trop cher. Le Canada est en retard. Mais il faudra faire les mêmes choix d'ici cinq ans», prédit David Nish, président de Standard Life UK.

RPAC et RVER

Mais dans le secteur privé, la majorité des travailleurs n'ont aucun régime de retraite. La classe moyenne n'épargne pas assez. «L'augmentation de l'espérance de vie et les rendements beaucoup plus faibles depuis le début du millénaire ont creusé le fossé de l'épargne-retraite», ajoute M. Guay.

Pour combler le vide, Ottawa et Québec ont mis de l'avant le régime de pension agréé collectif (RPAC) et le régime volontaire épargne-retraite (RVER).

En août, Standard Life a créé un site web sur les RPAC/RVER. Mais le lancement du RVER risque d'être décalé, car le projet de loi est mort avec le déclenchement des élections provinciales. «Nous devions commencer en janvier prochain. Mais nous ne serions pas surpris que ce soit un peu retardé», a dit M. Guay.

Mais on sait déjà que le RVER sera composé de produits simples à frais modiques. «Les frais seront situés entre 0,9% et 1%. Nous attendons de voir la législation finale, mais je crois que ce sera dans cette fourchette», a avancé M. Guay.

Le nouveau dirigeant mise aussi sur les placements individuels: fonds communs, fonds distincts, rentes, etc. Standard Life, qui ne dispose pas de son propre réseau de distribution auprès du grand public, mise sur des partenariats pour faire mousser la vente de ses produits.

L'an dernier, elle a conclu une alliance stratégique avec le courtier direct de Vancouver QTrade. «Ils offrent nos fonds distincts à leurs clients. Et nous avons intégré leurs fonds Meritas à notre offre de produits», indique M. Guay.

D'ailleurs, la vente de fonds distincts, des produits d'investissement assortis d'une garantie de capital, va bon train. Standard Life, qui détient 4% du marché, a obtenu 9% des parts du marché des ventes depuis le début de l'année.