La banque d'affaires américaine Goldman Sachs veut développer sa banque privée hors des États-Unis, en particulier vers les pays à forte croissance et vers l'Europe, où elle compte se substituer aux banques locales en difficultés et obligées de réduire leur périmètre.

«Nous sommes dans les activités de gestion de fortune depuis longtemps. Alors que certaines banques européennes se retirent» de certaines activités «il y a certains clients qui ont besoin de financements en dollars», a souligné David Viniar, directeur financier, lors d'une conférence d'analystes mardi.

«Nous allons faire croître notre banque privée en dehors des États-Unis. Nos activités dans ce domaine y sont actuellement très faibles mais nous comptons les faire progresser très rapidement», a ajouté M. Viniar.

L'activité de banque privée existante a «actuellement un peu plus de 100 milliards de dollars d'actifs et seulement 50 milliards de dollars de dépôts, (...). Nous allons les augmenter et nous allons les utiliser» pour faire des prêts aux entreprises et aux grandes fortunes, a-t-il ajouté.

La banque essaie de trouver de nouvelles voies pour remplacer les revenus du courtage qui ont chuté depuis l'adoption d'une réglementation plus stricte aux États-Unis sur le courtage en propre des banques, même si sa mise en oeuvre concrète a pris du retard.

«Nous pensons qu'il va y avoir des opportunités générées par le retrait des banques en Europe. À court terme il pourrait y avoir beaucoup d'opportunités pour nous, même si nous ne les avons pas encore vues», a-t-il ajouté.

«Nous restons optimistes pour les marchés à forte croissance», même si la croissance de ces pays y ralentit actuellement, a-t-il également noté, tout en insistant sur le fait que sa firme n'ouvrirait en aucun cas «des agences» ou se transformerait en banque de détail.

Une porte-parole du groupe joint par l'AFP a précisé que l'exposition nette de Goldman Sachs à la dette de la Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande et l'Italie s'élevait à 2,5 milliards de dollars. Elle a refusé de dire si la banque s'était préparée à un éventuel éclatement de la zone euro, comme l'avait fait le directeur financier de Citigroup lundi.

David Viniar s'est en tout cas dit pessimiste au sujet de l'évolution de la situation dans la zone euro: «il n'y a rien que nous voyions actuellement qui nous donne beaucoup de confiance dans ce qui se profile. Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui travaillent activement là bas pour trouver des solutions mais nous sommes dans cette (crise) depuis très longtemps» à présent, a-t-il ajouté.

La banque d'affaires américaine Goldman Sachs [[|ticker sym='GS'|]] a annoncé mardi avoir dégagé un bénéfice en baisse de 12% au deuxième trimestre, invoquant une dégradation des conditions de marché, mais qui s'est avéré malgré tout supérieur aux attentes, tout comme le chiffre d'affaires.

Le bénéfice net part du groupe est ressorti à 927 millions de dollars, soit 1,78 dollar par action alors que les analystes tablaient sur 1,17 dollar seulement. Le chiffre d'affaires a baissé de 9% sur un an entre avril et juin, à 6,63 milliards de dollars, dépassant également les prévisions des analystes qui attendaient 6,28 milliards en moyenne.

«Au cours du deuxième trimestre, les conditions de marché se sont détériorées et le niveau d'activité de la part des entreprises comme des investisseurs a diminué en raison de la persistance de l'instabilité en Europe et des inquiétudes sur la croissance mondiale», a commenté le PDG Lloyd Blankfein, cité dans le communiqué.

«Notre priorité reste de répondre aux besoins de nos clients tout en gérant prudemment notre capital, nos liquidités et notre risque», a-t-il ajouté.

La division de banque d'investissement a vu son chiffre d'affaires reculer de 17%, dont une baisse de 37% des émissions d'actions alors que le marché des introductions en bourse est atone.

Le chiffre d'affaires de l'unité de gestion des investissements a en revanche progressé de 7%.

L'action progressait de 2,17% à 99,80 dollars vers 12h15 lors des échanges électroniques précédant l'ouverture de la séance officielle.