Lorsqu'une société regroupe ses actions, c'est souvent le signe que son modèle d'affaires est brisé. Le regroupement des actions vise alors à rendre le titre plus attrayant pour les investisseurs institutionnels. Mais cela est souvent peine perdue.

C'est ce que démontre une étude réalisée conjointement en 2008 par les professeurs April Klein de l'Université de New York et James Rosenfeld de l'Université Emory. L'étude conclut que ces sociétés qui ont regroupé leurs actions ont réalisé durant les années suivantes de faibles résultats financiers. Et généralement, les performances boursières ont été mauvaises.

Citigroup [[|ticker sym='CIT'|]] est-elle en train connaître le même sort?

En mai 2011, le troisième groupe bancaire en importance aux États-Unis a regroupé ses actions dans une proportion d'une nouvelle action pour toutes les dix actions existantes. Le regroupement est l'opération inverse du fractionnement d'actions que les sociétés utilisent lorsque le prix de leur titre a beaucoup monté.

Le cours de l'action de Citigroup, qui était tombé à 0,97$ au pire de la crise financière en mars 2009, avoisinait 4,50$ lorsque le regroupement a été fait, ce qui conférait à la nouvelle action un prix de 45$. Depuis ce moment, le titre a touché un creux de 21,40$ en octobre dernier, et il se négocie actuellement à 27$.

Citigroup a publié ses résultats trimestriels hier matin. Et bien que son président, Vikram Pandit, tente de faire valoir les progrès réalisés au cours des récents trimestres, les chiffres démontrent que les bénéfices, ainsi que le chiffre d'affaires, ont diminué.

Citigroup a réalisé des bénéfices de 2,9 milliards US, soit 1$US par action, durant le trimestre terminé le 30 juin. C'est 12% de moins que durant le même trimestre de l'année précédente, mais c'est légèrement supérieur au consensus des analystes qui prédisaient des bénéfices par action de 0,95$.

Quant au chiffre d'affaires, il est en recul de 10% sur le même trimestre de l'année précédente.

Diminution des réserves pour mauvais prêts

Ce qui suscite de l'inquiétude chez Citigroup, c'est que le tiers des bénéfices au cours du dernier trimestre provient d'une diminution des réserves pour mauvais prêts.

Citigroup n'est pas la seule à renverser de grandes sommes de réserves. JP Morgan Chase le fait également. Vendredi dernier, elle a annoncé des bénéfices de près de 5 milliards US malgré des pertes de 4,4 milliards US subies sur des opérations spéculatives à Londres. Mais ces profits étaient en partie causés par une diminution des réserves pour mauvais prêts de 2,1 milliards US.

À un moment où une crise bancaire menace toujours l'Europe, plusieurs s'inquiètent de l'à-propos de ces diminutions importantes de réserves. «Les banques ont tort de dire qu'elles doivent diminuer leurs provisions pour pertes parce qu'elles ont moins de prêts à risque», a confié hier William Black, professeur d'économie et de droit à l'Université du Missouri, au Wall Street Journal.

Pas de hausse de dividende avant 2013

À cette époque où les investisseurs n'en ont que pour les dividendes, Citigroup verse à ses actionnaires un dividende trimestriel symbolique de 1 cent. Mais elle espère l'augmenter en 2013.

Vikram Pandit affirme que la position en capital de la banque sera suffisamment solide à la fin de l'année pour discuter avec les autorités réglementaires de l'opportunité d'augmenter le dividende en 2013. Ce sont les tests de résistance auxquels les banques doivent se soumettre qui détermineront si le dividende pourra être augmenté.

Entre-temps, le nom de Citigroup est mentionné parmi d'autres dans une enquête que mène le département américain de la Justice concernant le scandale de la fixation du taux Libor pour lequel la banque anglaise Barclays a accepté de verser une amende de près de 500 millions.

Le taux Libor est établi à partir des taux suggérés par différentes banques et institutions financières. Il sert à établir les taux d'une large gamme de prêts, de dépôts et de produits dérivés. Il appert qu'entre 2006 et 2010, plusieurs banques se seraient entendues pour suggérer des taux qui favorisaient les positions qu'ils détenaient.