En voyage à l'étranger, la carte de crédit est souvent le mode de paiement le plus sécuritaire, le plus pratique et le moins coûteux en frais de change. Mais les touristes doivent se méfier des commerçants qui sont de plus en plus nombreux à leur offrir de convertir leurs achats dans leur devise.

La «conversion dynamique des changes» ou DCC (Dynamic Currency Conversion) est particulièrement populaire dans l'industrie du tourisme et du divertissement, comme les hôtels, les restaurants et les grands magasins, indique Visa.

Le principe est simple: le terminal de paiement des commerçants reconnaît l'origine de la carte de crédit des acheteurs. Si votre carte de crédit vient du Canada, le terminal vous proposera de convertir le montant de l'achat en dollars canadiens.

Les commerçants présentent la conversion dynamique comme un service à «valeur ajoutée» qui permet aux clients de connaître immédiatement le montant final de leur achat.

Or, le taux de change est généralement désavantageux. Visa parle de frais de 5% (2,5% à même le taux de change, plus 2,5% de frais). Mais dans les boutiques hors-taxe des aéroports, la conversion dynamique peut être encore plus onéreuse. L'expérience démontre qu'un voyageur peut facilement perdre 20$CAN en frais de change sur un achat de 100 euros, l'équivalent de frais d'environ 15%.

Et ce n'est pas tout: l'émetteur de la carte de crédit, au Canada, peut ensuite ajouter des frais, généralement de 2,5%.

En fait, ce sont les marchands qui profitent de la conversion dynamique, car ils reçoivent une partie des profits découlant de la conversion. Cela leur permet de contrer les frais de plus en plus salés que leur imposent Visa et MasterCard pour les transactions réalisées à l'aide de cartes de crédit, en particulier celles qui ont des programmes de récompenses plus généreux (Infinite).

Même si ce ne sont pas VISA et MasterCard qui procèdent à la conversion dynamique, les deux géants imposent quand même des règles. Ainsi, le commerçant doit fournir assez d'information au consommateur pour qu'il puisse faire un choix éclairé. Et le client doit toujours avoir le choix de refuser la conversion.

Mais en pratique, les frais ne sont pas toujours bien indiqués. Et le client peut difficilement évaluer si le taux de change est avantageux ou pas... à moins de suivre l'évolution du marché des devises durant son voyage.

En général, il est donc préférable de refuser la conversion dynamique.

Sept pistes pour réduire les frais de change sur votre carte de crédit

1-Avant de partir, vérifiez quels sont les frais de conversion de devise imposés par l'émetteur de votre carte de crédit. Au Canada, la majorité des émetteurs exigent 2,5%. À cela s'ajoutent des frais de change de 1% prélevés par Visa ou MasterCard. Tous ces frais sont intégrés à même le taux de change, si bien qu'on ne les voit pas.

2-Optez pour une carte moins gourmande. Chez Desjardins, par exemple, les frais de change sont de seulement 1,8%. Et Chase Canada vient de lancer la carte Amazon.ca qui ne perçoit aucun frais de conversion de devise sur les achats à l'extérieur du Canada. La carte n'a pas de frais annuels et offre une remise en argent de 1% à 2%.

3-«Si vous voyagez souvent aux États-Unis, évaluez s'il serait avantageux pour vous de faire une demande pour une carte de crédit américaine afin de diminuer les frais», conseille Natasha Nystrom, agente de communications à l'Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC).

Plusieurs banques canadiennes offrent des cartes de crédit en dollars américains. Celle de BMO a les frais annuels les moins élevés (25$US ou 0$ si vous dépensez plus que 1000$ par an). Vous pouvez payer le solde de cette carte de crédit à partir d'un compte bancaire en dollars américains, où vous aurez transféré un montant important lorsque le taux est avantageux.

4-À l'étranger, limitez le nombre d'avances de fonds à partir de votre carte de crédit. La plupart des émetteurs exigent des frais de 5$ par avance. «Si vous faites un retrait, il est plus avantageux de prendre un gros montant», suggère Dominique Gervais, d'Option Consommateur. À noter: les cartes de Desjardins ne prélèvent aucun frais d'avance de fonds.

5-Sachez qu'il n'y a pas de délai de grâce sur les avances de fonds. Ainsi, les intérêts s'appliquent dès le jour du retrait et le taux d'intérêt est parfois plus élevé (jusqu'à 22%). Pour éviter ces intérêts, déposez un montant excédentaire sur votre carte de crédit avant de partir. C'est permis. «Mais il se peut que l'émetteur ne vous rembourse pas votre argent en cas de fraude», prévient Mme Gervais.

Elle ajoute qu'il ne faut pas «oublier» de l'argent sur votre carte, car plusieurs émetteurs imposent une pénalité de 10$ à 25$ sur les soldes créditeurs, si le compte est inactif durant plus d'un an.

6-Attention au remboursement: «Si vous décidez de rapporter un achat effectué en devises étrangères, le montant en dollars de votre remboursement pourrait être différent du montant de la transaction originale», note l'ACFC. Le consommateur qui retourne un produit risque de perdre au change, à cause de la fluctuation des devises et des frais de conversion.

7-Pour comparer tous les frais des cartes de crédit, consultez le site de l'ACFC (https://www.fcac-acfc.gc.ca/fra/ressources/publications/paiementoptions/fraisservice/CCTabFraisSer-fra.asp)