Ce n'est pas qu'une assemblée annuelle, c'est la grande messe du capitalisme.

Environ 40 000 actionnaires de Berkshire Hathaway - presque deux fois le Centre Bell - s'entasseront ce matin dans le CenturyLink Center à Omaha dans l'État du Nebraska pour entendre son PDG Warren Buffett, surnommé l'Oracle d'Ohama en raison de sa clairvoyance des marchés boursiers. «Nous aimerions tous être aussi bons que lui!», dit Bernard Morency, premier vice-président et chef des opérations de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Depuis trois ans, la clairvoyance de l'Oracle d'Omaha n'a toutefois pas permis au titre de Berkshire Hathaway ("29,1% pour l'action A) de battre les rendements les marchés boursiers ("51,5% pour l'indice américain S&P 500). Idem au cours de la dernière année ("2,2% pour Berkshire et "2,6% pour le S&P 500). «Les investisseurs semblent moins enthousiastes quant aux perspectives de Berkshire Hathaway, mais je pense qu'ils ont tort. La valeur intrinsèque de Berkshire continue de faire mieux que la Bourse. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il n'y ait un rattrapage», dit François Rochon, président de Giverny Capital, une firme montréalaise de gestion de portefeuilles inspirée de la philosophie de Warren Buffett. M. Rochon, qui en sera à sa 13e assemblée annuelle des actionnaires à Omaha, estime que le titre de Berkshire Hathaway devrait s'apprécier entre 12% et 14% par année.

Les adeptes de la philosophie d'investissement de Warren Buffett diront que l'important, c'est de regarder à long terme. Et depuis cinq ans, une période qui inclut la crise de Wall Street, l'Oracle d'Omaha a fait beaucoup, beaucoup mieux ("10,4%) que la Bourse américaine (-9,3%). «Il a toujours mieux fait que les marchés sur de longues périodes, dit Bernard Morency, de la Caisse de dépôt. Ça ne le dérange pas de sous-performer les marchés durant les bonnes années s'il fait beaucoup mieux que les marchés durant les mauvaises années.»

Comme plusieurs investisseurs institutionnels, la Caisse de dépôt garde toujours un oeil sur l'Oracle d'Omaha. «La tendance dans l'univers des grandes caisses de retraite, c'est de faire davantage de philosophie de rendement absolu à long terme comme Berkshire et moins de philosophie de rendement relatif (comparer chaque année avec les indices boursiers), dit Bernard Morency. La philosophie de rendement absolu entraîne toutefois une plus grande volatilité avec les rendements des indices boursiers. Tu a l'air d'un héros certaines années et d'un zéro d'autres années. Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas ignorer nos marchés de référence Si la Caisse ne faisait que du rendement absolu, tout le monde nous rentrerait dedans!»

En 2011, Berkshire Hathaway a haussé ses participations dans Bank of America, Wells Fargo et IBM. Son portefeuille boursier, qui valait 77 milliards$US au 31 décembre dernier, comprend notamment 8,8% des actions de Coca-Cola (14,0 milliards$US), 13% d'American Express (7,1 milliards$US) et 1,1% de Wal-Mart (2,3 milliards$US). Berkshire Hathaway possède aussi plusieurs placements privés, notamment des compagnies d'assurances (GEICO) dont il investit l'argent des primes.

État de santé

L'état de santé de Warren Buffett sera plus que jamais à l'agenda de l'assemblée annuelle des actionnaires de Berkshire Hathaway. Le mois dernier, M. Buffett, 81 ans, a été diagnostiqué pour un cancer de la prostate qui ne mettrait pas sa vie en danger, selon ses médecins. L'Oracle d'Omaha commencera ses traitements (des radiations quotidiennes durant deux mois) à la mi-juillet. Le conseil d'administration de Berkshire Hathaway a déjà choisi son successeur, dont l'identité est gardée secrète.