Malgré de très bons rendements boursiers, la solvabilité des régimes de retraite à prestations déterminées ne s'est améliorée que très modestement au premier trimestre.

Encore une fois, il faut montrer du doigt les rendements des obligations à long terme du gouvernement du Canada ainsi que les règles actuarielles de mesure de la solvabilité pour expliquer cette situation qui est source de tensions professionnelles et sociales.

«La provision actuarielle mesurée sur base de solvabilité est fondée sur les rendements à échéance du gouvernement du Canada en vigueur un mois auparavant, rappelle Claude Lockhead, associé principal chez Aon Hewitt. Les taux en février étaient légèrement inférieurs à ceux en vigueur au mois de novembre.»

Cela a eu pour effet d'augmenter le passif de solvabilité de 1,53%, calcule Jean Bergeron, associé chez Morneau Shepell. «On se serait attendu à une plus forte hausse des taux durant une période où les actions performent aussi bien», observe-t-il.

En fait, les taux sur les obligations canadiennes de 30 ans ont légèrement augmenté à partir de mars. Elles offraient un rendement très faible de 2,66% au 31 mars. Mince consolation, en décembre ce rendement avait atteint 2,49%.

Si les marchés boursiers ne décrochent pas au cours du mois, alors la solvabilité pourrait s'améliorer davantage: la valeur du passif diminuant en même qu'augmenterait celle de l'actif.

Selon une mesure faite par Aon Hewitt, 97% des régimes de retraite canadiens accusaient un déficit de solvabilité au 31 mars, soit un point de plus qu'au 31 décembre.

En revanche, le taux de solvabilité médian est passé de 68% à 69% entre décembre et mars.

La solvabilité permet de mesurer la portion des engagements d'un régime envers ses participants actifs et retraités qui leur serait versée en cas de terminaison du régime, causée par exemple par la faillite de son promoteur.

S'il y a eu amélioration modeste, c'est à cause de forts rendements trimestriels.

Selon l'échantillon de Morneau Shepell, une caisse de retraite investie à 60% en actions et 40% en titres à revenus fixes a pu tirer un rendement de 4,1%. Celle qui est investie dans des proportions inverses aura pu dégager un rendement de 2,6%. Le faible écart entre la croissance de l'actif et l'augmentation de la valeur du passif explique la faible amélioration de la solvabilité.

Évidemment, cela ne tient pas compte de la gestion active du portefeuille ni de la répartition entre les différentes catégories d'actions.

Plus un gestionnaire était présent dans les actions canadiennes, moins son actif aura fructifié durant l'hiver puisqu'elles ont moins bien fructifié que les actions étrangères, en dépit de l'appréciation du dollar canadien par rapport au billet vert durant la période.

Évidemment, en la matière, le passé n'est pas garant de l'avenir. Une situation peut facilement s'inverser en l'espace de trois mois, voire moins comme c'est arrivé fréquemment.