Malgré le ralentissement économique, la Banque Nationale aura réussi son pari de continuer à faire croître ses profits. La banque québécoise a déjoué les analystes hier en annonçant un bénéfice en hausse de 3% au premier trimestre 2012.

Excluant les éléments particuliers, la Nationale a généré un bénéfice par action de 2$. C'est davantage que la moyenne des prévisions des analystes, qui s'élevait à 1,81$.

Robert Sedran, un analyste de CIBC Marchés mondiaux qui avait parié sur un chiffre de 1,79$, se montre agréablement surpris.

«C'est plus haut que prévu par une marge confortable», dit l'analyste.

La banque a publié ses résultats après la fermeture des marchés, hier. En attente des chiffres, l'action avait gagné 40 cents ou 0,52% pendant la journée pour clôturer à 77,48$.

Si la Nationale fait mieux que prévu, c'est surtout grâce au segment d'affaires des marchés financiers, dont les bénéfices ont connu une croissance inattendue de 13% au dernier trimestre pour atteindre 129 millions.

Plus tôt hier, la Banque TD et la Banque Royale avaient au contraire annoncé des baisses de profits dans ce secteur. La Banque de Montréal avait aussi annoncé mardi une baisse des bénéfices de 24% dans le segment des marchés financiers.

La Nationale explique sa bonne performance par «les revenus plus élevés sur les titres à revenus fixes, compensés par des baisses de revenus sur les titres de participation, les titres de marchandises et les opérations sur devises».

On devrait en savoir plus ce matin, alors que l'entreprise tiendra une téléconférence avec les analystes.

«Le secteur des marchés financiers est plus prépondérant à la Banque Nationale que dans les autres banques, ce qui contribue à hausser l'ensemble de ses résultats», note l'analyste Robert Sedran.

En tout, la Nationale a enregistré des revenus de 1,24 milliard au cours du trimestre, en hausse de 7% par rapport à la même période l'an dernier.

«La Banque affiche une excellente qualité de crédit et continue de gérer prudemment ses coûts et de maintenir un capital solide», a dit par voie de communiqué le président et chef de la direction, Louis Vachon.

La Nationale a aussi bien fait dans le créneau des services aux particuliers et aux entreprises. Le bénéfice y a grimpé de 9% pendant le trimestre par rapport à la même période l'an dernier pour atteindre 170 millions. Malgré le contexte économique incertain, l'entreprise a réussi à gonfler le volume des prêts à la consommation et des prêts hypothécaires.

«Ce segment connaît une croissance forte et soutenue», note l'analyste Robert Sedran, qui refuse toutefois de se laisser emporter par l'enthousiasme.

«Il y a de la croissance, mais le ralentissement a quand même déjà commencé à se faire sentir. Je crois qu'en général, il faut espérer encore de la croissance, mais une croissance moins forte», dit-il.

Selon lui, la baisse des revenus devrait pousser la Nationale à porter une attention accrue au contrôle de ses dépenses au cours des prochains trimestres.

Sans surprise, le segment de la gestion de patrimoine a connu un trimestre difficile, miné par les bas taux d'intérêt. Les bénéfices ont chuté de 31% pour atteindre 33 millions.

Le rendement des capitaux propres, un indicateur important de la performance des institutions financières, s'est élevé à 21,8% au cours du trimestre, contre 22,3% lors du même trimestre l'an dernier.

En décembre dernier, le grand patron de la Nationale, Louis Vachon, s'était dit optimiste de pouvoir garder l'entreprise sur le chemin de la croissance malgré les craintes de ralentissement.

«À moins d'une récession en 2012 ou d'un autre incident grave pour l'économie globale, nous maintenons notre objectif d'accroître notre bénéfice par action d'au moins 5% à 10% au cours du prochain exercice», avait-il dit aux analystes.