La présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, amorce son second mandat à la tête de la plus grosse coopérative financière au pays dans un contexte beaucoup moins tumultueux qu'il y a quatre ans.

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Mais sa réélection confirmée hier par le conseil d'administration de Desjardins laisse aussi présager un mandat en continuité des réformes parfois audacieuses qu'elle avait enclenchées peu après son entrée en fonction, au printemps 2008.

Le secteur financier et bancaire nord-américain était alors à l'aube d'une crise sans précédent en trois quarts de siècle.

Une crise qui, au Québec, s'était manifestée par la débâcle des papiers commerciaux non bancaires (PCAA) qui a coûté des milliards à des institutions de premier plan comme la Caisse de dépôt et placement, la Banque Nationale et Desjardins.

Il y a quatre ans, aussi, Desjardins était une grosse coopérative financière dont les résultats d'exploitation souffraient de l'embonpoint dans sa structure de direction.

Tout un début de premier mandat comme présidente, donc, pour Monique Leroux. D'autant plus que sa nomination était survenue à l'issue d'une «élection» parmi les instances de Desjardins qui avait opposé une demi-douzaine de candidats.

Quatre ans plus tard, à la fin du mois de janvier 2012, le contexte du renouvellement de mandat de Mme Leroux est complètement différent. Du moins, à l'interne chez Desjardins, parce qu'elle est réélue par acclamation en l'absence de candidat concurrent.

Quant à la conjoncture économique et financière, elle est certes moins tendue qu'en 2008. Mais certainement pas encore au beau fixe comme on le souhaiterait: crise des finances publiques en Europe, reprise économique boiteuse en Amérique du Nord et au Québec en particulier depuis quelques mois, appréhensions de surchauffe dans certaines économies émergentes dont la Chine.

En surplus pour les institutions financières, l'instauration de normes plus sévères de capitalisation et de gestion de risque force de nombreux resserrements de l'administration interne.

C'est d'ailleurs l'une des priorités de Monique Leroux au cours de cette première année de son deuxième mandat: lancer le prochain «plan stratégique» de Desjardins pour les années 2013 à 2016.

«Nous continuerons de gérer avec prudence la croissance du Mouvement Desjardins, et ce, tant au Québec que dans le reste du pays», dit-elle dans ses commentaires diffusés hier par écrit seulement aux médias.

Lors du plan stratégique précédent, qui s'achève cette année, Desjardins a notamment réalisé sa plus grosse acquisition à ce jour au Canada anglais: 443 millions de dollars en décembre 2010 pour le courtier d'assurance Western Financial, situé en Alberta.

Aussi, depuis trois ans, Desjardins a pu renforcer sa capitalisation pour l'amener au-delà des nouvelles normes internationales pour les entreprises de type bancaire.

Desjardins a maintenant 13,6 milliards en capitaux propres, 3,5 milliards de plus qu'au terme de son exercice 2008.

Et malgré quelques récentes hésitations, la rentabilité d'ensemble de Desjardins s'est relevée considérablement depuis l'année très difficile en 2008.

Le rendement des capitaux propres cotait à 12,3% au terme des neuf premiers mois de l'exercice 2011, comparativement à l'insoutenable 0,9% de 2008.

Bien sûr, le redressement conjoncturel de l'après-crise de 2008 et la bonne tenue comparative de l'économie du Québec - le marché principal de Desjardins - ont soutenu les objectifs financiers établis par Monique Leroux au début de sa présidence.

Mais l'importante «révision de la structure organisationnelle» qu'elle a enclenchée chez Desjardins en 2009 semble avoir produit des effets concrets sur ses résultats d'exploitation.

Et pour cause. Quelque 2000 postes ont été abolis dans les instances centrales de la plus grosse coopérative financière en Amérique du Nord, dont plus d'une centaine de postes de cadres.

Parmi les caisses populaires, leurs dirigeants locaux ont eu les coudées plus franches afin de rationaliser leurs points de services et améliorer leurs résultats d'exploitation.

Ces manoeuvres ont mécontenté des clients de Desjardins dans certaines localités, surtout en région rurale.

D'autant plus qu'elles ont été accompagnées de restrictions temporaires sur le versement de «ristournes d'excédents» des caisses populaires à leurs membres, afin de renforcer la capitalisation de tout Desjardins.

Mais du point de vue de Monique Leroux, ce contexte parfois difficile semble avoir renforcé la valeur de la coopération comme «modèle d'entreprise», qu'elle entend promouvoir davantage lors de son second mandat.

À ce titre, le Mouvement Desjardins continue de gagner en notoriété parmi les plus grandes coopératives financières du monde.

Au cours des derniers jours, sa présidente était d'ailleurs parmi les principaux chefs d'entreprise du Canada lors du très influent sommet économique de Davos.

Et en octobre dernier, Monique Leroux était invitée de marque au siège des Nations unies à New York pour le lancement de l'«Année internationale des coopératives» en 2012.

En suivi, Desjardins sera l'hôte en octobre prochain du Sommet international des coopératives. Quelque 1500 participants provenant de 90 pays sont attendus à cet événement qui aura lieu à Québec et à Lévis, ville d'origine des caisses populaires.