Les services montréalais du géant de l'informatique IBM sont dans l'embarras après qu'une défaillance électrique à sa centrale technique du centre-ville eut dégénéré en pannes majeures chez des clients importants comme les banques Nationale et Laurentienne.

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Presque tous les systèmes informatisés de ces banques ont été paralysés pendant de nombreuses heures, de lundi soir jusqu'à leur rétablissement laborieux en mi-journée hier.

Cette panne d'origine inusitée pour une centrale informatique de l'envergure d'IBM a aussi affecté plusieurs autres clients d'importance. Entre autres, le transporteur Air Canada a dû retarder plusieurs vols en fin de soirée lundi en raison du recours forcé à des «systèmes manuels» de gestion, a confirmé sa porte-parole à Montréal, Isabelle Arthur.

D'autres entreprises comme Bombardier, le détaillant de chaussures Aldo, le détaillant en alimentation Loblaw/Provigo, la Société canadienne des postes ainsi que l'agence de crédit Equifax auraient aussi été touchées, selon des informations transmises à La Presse Affaires par divers interlocuteurs.

Toutefois, les inconvénients subis par ces entreprises pendant quelques heures lundi soir n'auraient pas atteint la gravité des longues interruptions de services informatiques subies par les banques Nationale et Laurentienne.

«Cette panne électrique chez IBM à Montréal a provoqué une situation inacceptable en ce qui nous concerne à la Banque Nationale. C'est sûr qu'il y aura une investigation détaillée avec IBM. Ce n'est pas le type de services que nous voulons offrir à nos clients», a commenté Claude Breton, directeur principal aux affaires publiques à la Nationale.

IBM est le principal fournisseur d'infrastructures techniques en informatique à la Nationale. Quant aux services liés aux logiciels des usagers, ou «applications» dans le jargon informatique, la banque compte sur la société montréalaise CGI comme sous-traitant principal.

Ironiquement, la Nationale venait d'annoncer lundi un renouvellement de contrat de 350 millions de dollars en cinq ans avec CGI lorsqu'est survenue la panne chez IBM qui a neutralisé l'essentiel de son réseau informatique pendant des heures.

Ce n'est qu'en mi-journée hier que les clients de la Nationale ont retrouvé l'usage normal de presque tous les 850 guichets électroniques, qui avait été interrompu lundi soir.

Le rétablissement des services transactionnels sur les principaux sites internet de la Nationale a aussi été laborieux tout au long de la journée.

Quant à ses 330 succursales au Québec, le redémarrage des systèmes informatiques a pu être fait en avant-midi. Mais non sans quelques délais d'inscription de certaines transactions effectuées durant la panne.

À la Banque Laurentienne, la panne chez IBM a paralysé tout le réseau de guichets électroniques et les sites internet de lundi soir à tôt hier matin.

En succursales, les systèmes informatiques ont été rétablis vers 10 h, après 12 heures d'interruption.

Dans les deux banques, néanmoins, tout indique que les données sur les comptes des clients n'ont pas été compromises par la panne majeure chez IBM.

En contrepartie, c'est la réputation même d'IBM comme fournisseur d'infrastructure informatique à Montréal qui risque d'être sérieusement entachée.

Dans ce milieu, hier, des interlocuteurs de La Presse Affaires s'expliquaient mal comment le centre d'équipements cruciaux d'IBM au centre-ville avait pu subir une panne électrique de plusieurs heures, en fin de soirée lundi.

D'autant plus que de tels centres informatiques sont toujours pourvus de systèmes électriques d'urgence, avec des grosses piles et des génératrices, qui sont conçus pour éviter toute interruption d'alimentation électrique.

Car au-delà des interruptions de services informatiques, une panne électrique peut être dommageable pour certains équipements informatiques de grande capacité qui endurent mal les arrêts soudains et le refroidissement subséquent de leurs composantes.

À la direction d'IBM à Montréal, les explications sur l'origine de la panne totale à la centrale informatique du centre-ville demeuraient parcimonieuses en fin de journée hier.

Tout au plus, on indiquait par courriel que «la panne semble avoir été causée par une défaillance du système de contrôle programmable qui assure l'alimentation de courant».

IBM affirme aussi avoir une «vaste équipe de professionnels et de partenaires qui travaillent sans relâche pour comprendre ce qui a pu causer cette panne.»

Entre-temps, l'entreprise dit «regretter les conséquences de cette panne et ses effets sur les activités de nos clients».