JPMorgan Chase a donné le ton d'une saison des résultats qui s'annonce médiocre pour les banques américaines en publiant vendredi des bénéfices décevants, plombés par la banque d'investissement, les revenus de courtage et l'hypothécaire.

JPMorgan Chase «donne le ton pour les banques», alors que Citigroup, Bank of America et Goldman Sachs vont publier leurs résultats la semaine prochaine, note le site d'analystes 247Wallst.Com.

«Nous avons peu de raison d'attendre de bons résultats au quatrième trimestre» pour les banques, «avec la crise du crédit en Europe et le fait que les gens sont hésitants à faire des transactions», renchérit Jim Sinegal, analyste bancaire chez Morningstar.

«La faiblesse des taux d'intérêt reste un problème majeur, les marges restent sous pression», ajoute-t-il.

Signe de cette morosité attendue, l'action perdait 3,03% à 35,74 dollars vers 11h35, et les autres titres bancaires emboîtaient le pas.

JPMorgan, première banque américaine en termes d'actifs, a vu son bénéfice progresser de 9% à 19,0 milliards de dollars en 2011, moins qu'attendu, pour un chiffre d'affaires en recul de 5% sur un an à 97,2 milliards, en-deçà des attentes.

La performance du groupe financier s'est dégradée en fin d'année: au quatrième trimestre, le bénéfice net a baissé de 23% et le chiffre d'affaires de 18%.

La première banque américaine s'est félicitée d'un bénéfice «record» pour l'année mais son PDG Jamie Dimon a reconnu que les «rendements du quatrième trimestre (avaient) été légèrement décevants».

«L'économie continue à se redresser, et nous sommes heureux de voir des signes d'amélioration de la demande et de la qualité du crédit», a-t-il ajouté.

Le bénéfice de la division banque d'investissement a nettement reculé (-52%) en raison d'une baisse des revenus et d'une hausse des provisions pour pertes.

La division banque de détail a en revanche vu son bénéfice progresser de 16% sur un an au dernier trimestre, même si l'activité de prêts hypothécaires a essuyé une perte de 258 millions, en raison d'un recul des émissions de nouveaux prêts et de taux d'intérêt faibles, et alors que les coûts d'émission de ces prêts ont augmenté.

«Nous nous faisons assassiner dans les prêts hypothécaires», a noté Jamie Dimon lors d'une conférence téléphonique.

Le patron de JPMorgan a fait valoir qu'en raison du chômage élevé, le nombre de jeunes ménages quittant le domicile parental était «la moitié de ce qu'il est normalement». «Cela va rebondir avec l'emploi», a-t-il estimé.

La division cartes de crédit et crédits auto a également vu son bénéfice reculer nettement (-32%), de même que les activités de courtage (-3%) mais celle de banque commerciale (prêts aux entreprises) a vu le sien progresser de 21%.

En 2012, le groupe s'attend à ce que ses marges restent sous pression dans la banque de détail.

Les rémunérations ont augmenté de 3% sur l'ensemble de 2011 pour atteindre 29 milliards, mais ont baissé de 4% au dernier trimestre. Le groupe comptait 260 000 employés fin 2011.

«Nous avons embauché 3000 commerciaux en agences, recruté des gens en banque privée (...) et embauché 15 000 à 20 000 personnes ces deux dernières années pour traiter les défauts de paiement et les saisies», a détaillé Jamie Dimon, ajoutant que le nombre de ces employés allait «diminuer».

«Nous avons plein de capitaux, nous n'avons pas besoin d'en avoir plus», a répété M. Dimon, adversaire déclaré des nouvelles réglementations qui visent à augmenter les normes de capitaux des banques.

Interrogé sur les achats par les banques américaines d'actifs cédés par les banques européennes, contraintes de réduire leur endettement et d'augmenter leurs fonds propres, M. Dimon a reconnu que JPMorgan en avait acheté.

«Il n'y a pas de vague de ventes» a-t-il toutefois noté, ces cessions d'actifs «sont plutôt un mouvement ordonné d'actifs qui passent d'une banque à une autre».

La banque américaine en plus mauvaise posture reste Bank of America, minée par les pertes hypothécaires de prêts hérités de Countrywide Financial. Selon le Wall Street Journal, elle envisage de réduire son périmètre géographique aux États-Unis si ses problèmes s'agravent encore.