La Banque Nationale (T.NA) est confiante de hausser encore ses résultats au cours des prochains trimestres malgré le ralentissement économique qui montre le bout de son nez dans son marché principal.

> Suivez Martin Vallières sur Twitter

C'est le message rassurant qu'a cherché à transmettre le président et chef de la direction de la banque, Louis Vachon, en réponse à des analystes financiers qui doutaient de la continuité des bons résultats de fin d'exercice annoncés hier.

«À moins d'une récession en 2012 ou d'un autre incident grave pour l'économie globale, nous maintenons notre objectif d'accroître notre bénéfice par action d'au moins 5% à 10% au cours du prochain exercice», a insisté M. Vachon au cours de la téléconférence d'analystes.

Il a aussi indiqué qu'en dépit des doutes sur la conjoncture économique, la banque entend maintenir ses investissements dans son réseau de succursales et ses systèmes de gestion. Ce vaste projet d'entreprise baptisé «un client, une banque» amorce d'ailleurs une phase cruciale de l'infrastructure informatique de la banque. La Nationale prévoit aussi ajouter au moins huit succursales d'ici un an, dont cinq hors du Québec.

«Nous pourrions ajuster ces investissements s'il y a une récession en 2012. Mais, pour le moment, nous voulons les maintenir parce qu'ils sont très importants et qu'ils sont rentables pour la banque et ses actionnaires», a soutenu M. Vachon.

Par prudence, toutefois, la Nationale a interrompu son programme de rachat d'actions en circulation.

En Bourse, les résultats de fin d'exercice et la hausse de 6% du dividende trimestriel ont manifestement satisfait les investisseurs. Ils ont poussé les actions de la Nationale en hausse de 0,9% en fin de séance à la Bourse de Toronto, alors que l'indice de marché S&P/TSX et l'indice sectoriel des sociétés financières ont reculé de 1,6% et de 1,5% respectivement.

Mais à 67,03$ l'action, la valeur boursière attribuée à la Nationale demeure en recul de 2% depuis le début de l'année. Elle est aussi nettement inférieure au sommet des 52 dernières semaines de 81$ l'action qui remonte à la fin de mai.

Avec ses résultats, la banque a fait part hier d'une hausse de 2% de son bénéfice net, à 294 millions de dollars, pour son trimestre terminé le 31 octobre. Le bénéfice par action s'est élevé de 5%, à 1,74$, pour le cinquième trimestre d'affilée. Les revenus totaux du trimestre ont progressé de 8%, à 1,19 milliard.

«Ces résultats trimestriels sont plutôt favorables, d'autant plus qu'ils comprennent une hausse notable du dividende», a résumé Robert Sedran, analyste des entreprises financières chez Marchés des capitaux CIBC.

Pour tout son exercice 2011, la Nationale a obtenu un bénéfice net record de 1,2 milliard, soit 17% ou 179 millions de plus que l'an dernier. Par action, ce bénéfice annuel (dilué) totalise 6,85$, en hausse de 15% par rapport à l'exercice 2010. Les revenus totaux pour l'exercice ont crû de 7%, à 4,59 milliards.

Dans son bilan, la banque a fait valoir la bonne tenue de son portefeuille de prêts aux particuliers et aux entreprises pour abaisser encore ses provisions pour pertes sur prêts.

Toutefois, à l'instar de ses vis-à-vis torontoises, la Nationale a dû préciser son «niveau d'exposition» avec des encours d'origine européenne qui pourraient être affectés par la grave crise financière outre-Atlantique.

Selon la banque, cette exposition se «limite» à une valeur nette de 736 millions. Et de ce montant, une part de 183 millions est liée à seulement deux pays - l'Espagne et l'Italie - parmi les cinq considérés comme les plus risqués en Europe (avec la Grèce, le Portugal et l'Irlande).

Importants de prime abord, ces montants demeurent minimes par rapport au total des principales banques canadiennes, elles-mêmes considérées comme présentant un risque inférieur face à la crise des dettes publiques en Europe.

Selon de récents relevés d'analystes consultés par La Presse Affaires, l'encours des banques canadiennes en Europe totalise 195 milliards US. Et une part limitée à 8%, ou quelque 15 milliards US, est liée aux cinq pays européens les plus à risque.

Par ailleurs, l'encours européen des banques canadiennes représente environ 20% de l'ensemble de leur encours à l'extérieur du pays.