Le niveau de connaissances financières demeure insuffisant et même inquiétant parmi certains groupes d'âge de la population, constate le Mouvement Desjardins en se basant sur son nouvel «indice de finances personnelles».

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Cet indice, dévoilé hier, découle d'un vaste sondage pancanadien par l'internet que Desjardins a fait réaliser afin d'établir une première mesure chiffrée du niveau de connaissances financières des particuliers.

Desjardins entend mettre à jour cet indice de façon annuelle. Mais, dès sa première présentation, la présidente de Desjardins, Monique Leroux, a fait part de quelques constats «troublants».

Par exemple, à peine plus de la moitié des 3000 participants au sondage disent avoir au moins trois mois d'épargne en cas de problèmes de revenus et avant d'avoir à emprunter pour subvenir à leurs besoins.

Aussi, près de la moitié des jeunes répondants de 18 à 24 ans n'ont pu répondre correctement à des questions sur des notions de base en gestion d'avoirs personnels.

Il s'agissait notamment du «rendement réel» sur les produits d'épargne (rendement après l'inflation) et de «l'intérêt composé» pour les produits d'épargne et d'emprunt à plus long terme.

Pour Monique Leroux, ce déficit de connaissances financières de base parmi les jeunes adultes de 18 à 24 ans pourrait être une conséquence de l'atrophie de l'éducation économique dans les écoles secondaires au Québec. «Nous avons constaté un écart entre le Québec et le reste du Canada à ce niveau. C'est pourquoi il est très important d'intervenir auprès de nos jeunes. L'éducation financière doit faire partie de leur formation scolaire», a commenté Mme Leroux.

Cela dit, l'enquête commandée par Desjardins suggère que le niveau de connaissances financières se rehausse dès le groupe d'âge des 25-33 ans.

«Manifestement, c'est au moment des premières grosses décisions de finances personnelles qu'on s'éduque davantage à ce sujet», a constaté Mme Leroux.

Sans surprise, c'est parmi les répondants de plus de 55 ans que le niveau du nouvel «indice de finances personnelles» est le meilleur. Cette tendance haussière s'observe aussi en fonction des revenus. Les ménages avec des revenus de plus de 75 000$ par année font meilleure figure quant aux connaissances et aux pratiques en matière de finances personnelles.

Cet indice est supérieur d'au moins 20% à celui mesuré chez les ménages avec un revenu annuel inférieur à 25 000$.

En contrepartie, l'enquête de Desjardins suggère que l'âge et le niveau de revenus ne sont pas des déterminants absolus en matière de finances personnelles. Par exemple, plus de la moitié (60%) des répondants de plus de 45 ans disent ne pas avoir de plan d'épargne spécifique en vue de leur retraite.

«C'est une proportion troublante, inquiétante même», a commenté Monique Leroux.

Autre exemple en matière de crédit cette fois: près de la moitié de tous les répondants ne savent pas que les frais d'intérêt sur leurs cartes de crédit sont calculés à partir de la date d'achat des biens ou services.

Selon la présidente du Mouvement Desjardins, cette première mesure du nouvel indice de finances personnelles démontre qu'il y a «certainement place à l'amélioration» en matière d'éducation financière.

«Cet indice constate des lacunes qui ne peuvent pas se régler en six mois. Une meilleure éducation financière résultera d'un travail individuel et de société», a commenté Mme Leroux.

Pour faire sa part, le Mouvement Desjardins a décidé d'ajouter au site internet principal de son réseau de caisses populaires des «outils d'auto-évaluation» en finances personnelles. Ces outils permettent d'obtenir une note individuelle que l'on peut comparer à l'ensemble des répondants, selon diverses caractéristiques comme l'âge, la scolarité et les revenus.