Les analystes s'interrogaient lundi sur les raisons du départ d'Oswald Grübel, qui a officiellement quitté son poste de directeur général de la banque suisse UBS (UBS) après la découverte d'un coûteux scandale de fraude.

«Les explications données pour le départ (du directeur général Oswald) Grübel semblent étranges, vu qu'il avait auparavant dit qu'il ne démissionnerait pas en raison» de la fraude massive d'un courtier, a estimé Peter Thorne de Helvea.

L'analyste fait référence à un entretien de M. Grübel dans la presse suisse du 18 septembre, où ce dernier avait affirmé qu'il ne se sentait pas coupable dans cette affaire de fraude et qu'il n'avait aucune intention de démissionner.

Pour M. Thorne, le départ d'Oswald Grübel serait plutôt lié à un désaccord avec le conseil d'administration qui veut redimensionner la banque d'affaires.

UBS en effet indiqué samedi que la division banque d'affaires, à l'origine des pertes abyssales durant la crise des subprimes américains et dans laquelle a travaillé le courtier accusé de transactions frauduleuses, sera «moins complexe», «prendra moins de risques» et «utilisera moins de capital».

«Grübel semblait réticent» à réduire la taille de cette unité, a souligné l'analyste de Helvea.

La première banque suisse avait divulgué une perte de 2,3 milliards de dollars US après que l'un de ses courtiers a effectué des «opérations non autorisées».

Un courtier de 31 ans, Kweku Adoboli, soupçonné de transactions frauduleuses au sein d'UBS a été inculpé et placé en détention à Londres, dans le cadre de cette affaire.

Alors que les médias helvétiques faisaient ces derniers jours état de rumeurs sur un départ imminent de M. Grübel, la banque a entretenu le plus grand mystère sur les conséquences de la fraude.

Ce n'est que samedi, au terme d'une réunion de quatre jours à Singapour, que la banque a annoncé le départ de son directeur général, venu à la rescousse de l'établissement en 2009.

Pour les analystes de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), M. Grübel a pourtant «réussi à stabiliser la banque et à réaliser un tournant important».

«UBS est en bien meilleure position qu'il y a deux ans et demi», ont-ils ajouté, soulignant que le ratio «Tier 1» avait progressé de 7,8% à 16,1% entre le premier trimestre 2009 et le deuxième trimestre de cette année.

Le bilan d'UBS a par ailleurs été réduit de 34% et les capitaux propres ont augmenté de 51% durant cette période.

Le départ de M. Grübel, qui a redressé la banque après sa déconfiture durant la crise financière, devrait «décevoir» les investisseurs, ont quant à eux estimé les analystes de Nomura.

Mais la restructuration de la banque d'affaires, qui a vu son bénéfice avant impôt reculer de 55% à 376 millions de francs suisses au deuxième trimestre, devrait libérer du capital et soutenir le cours de l'action à court terme, ont-ils ajouté.

Le directeur général par intérim Sergio Ermotti, qui a été désigné samedi, devrait accélérer la mise en place de la nouvelle stratégie d'UBS, selon Vontobel.

Pour la presse suisse, M. Ermotti, un ancien d'Unicredit et Merrill Lynch, est le candidat désigné pour succéder à M. Grübel et sa nomination pour seulement assurer l'intérim a été qualifiée de «surprise» par Helvea.

À la Bourse suisse, l'action UBS rebondissait fortement après avoir ouvert en baisse. Le titre prenait 4,15% à 10,54 francs suisses, dans un marché en hausse de 2,16% à 9h43 GMT (5h43 à Montréal), porté par un regain d'optimisme des places européennes quant à une résolution rapide de la crise des dettes.