La perte subie par la banque suisse UBS en raison des activités frauduleuses d'un opérateur de marché dans la banque d'affaires va précipiter la restructuration de l'unité qui avait provoqué des pertes massives lors de la crise des «subprimes», estiment vendredi les analystes.

La perte de 2 milliards de dollars subie par la première banque helvétique en raison d'«opérations non autorisées» d'un courtier à Londres arrive au pire moment pour l'établissement, qui se remet lentement de la crise des «subprimes» (crédits immobiliers à risque) américains et de la transmission de données bancaires aux États-Unis qui ont écorné sa réputation.

Sa division banque d'affaires n'en finit pas de replonger, entraînant l'ensemble du groupe dans la tourmente, et la dernière affaire révélée jeudi va amener l'établissement à «massivement» réduire sa banque d'affaires et procéder à d'importants licenciements, a indiqué le quotidien Tages-Anzeiger.

Selon le journal, une réduction en taille de la banque d'affaires, souvent évoquée par les analystes, devrait être annoncée le 17 novembre lors de la journée des investisseurs d'UBS, a précisé le journal.

Cette opération aura pour conséquence la réduction de «milliers» de postes dans la division, a poursuivi le quotidien, qui s'attend également à ce que le directeur général Oswald Grübel et le patron de la banque d'affaires Carsten Kengeter présentent bientôt leur démission.

UBS, interrogé par l'AFP, n'a pas commenté ces informations.

Dans les faits, la banque d'affaires va mal. Cette unité avait encaissé le gros des pertes durant la crise des subprimes américains, en raison d'investissements massifs dans ces produits dérivés spéculatifs.

En 2008, la banque d'affaires avait été ébranlée par une perte annuelle avant impôt de 34,3 milliards de francs suisses (28,4 milliards d'euros). Sa dernière perte trimestrielle remonte au troisième trimestre 2010, où la division avait perdu 406 millions. Depuis, elle était redevenue profitable.

Mais face aux mauvaises performances cette année, en raison de la volatilité des marchés et de la force du franc, UBS avait annoncé en août la suppression de 3500 emplois, dont 45% dans la banque d'affaires.

L'établissement a également annoncé des économies de 1,5 à 2 milliards de francs suisses dans les deux à trois prochaines années.

L'affaire dévoilée jeudi va faire replonger le groupe, qui devait dégager au troisième trimestre un bénéfice compris entre 900 millions et 1,1 milliard de francs suisses, selon les analystes.

Elle pourrait maintenant subir une perte de 500 millions, ont-ils précisé, d'où le besoin urgent de revoir cette activité.

«Une perte de cette taille a très probablement eu lieu dans le département FICC (revenu fixe, changes et matières premières), ce même département qu'UBS avait systématiquement reconstruit après l'avoir réduit de 40% durant la crise financière», ont souligné les analystes de Collins Stewart.

La pression devrait donc être forte pour «radicalement» redessiner la taille de cette division, ont-ils ajouté.

«La banque d'affaires est sous forte pression en raison des erreurs commises dans le passé, sa faible profitabilité et les importants capitaux qu'elle consomme», a insisté Peter Thorne de Helvea.

Pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), la pression va croître sur la direction pour réduire «significativement» la banque d'affaires au profit de la gestion d'actifs et de la gestion de fortune, coeur de métier d'UBS.

Séparer les activités risquées de la banque d'affaires de la gestion de fortune rendrait la banque plus résistante en temps de crise, ont quant à eux insisté les analystes de Wegelin.