L'arrivée du géant américain Vanguard pourrait déclencher une guerre de prix dans l'industrie des fonds communs. Reconnu pour ses frais de gestion très faibles, Vanguard a annoncé, hier, le lancement d'une famille de fonds destinés aux investisseurs canadiens d'ici la fin de 2011.

Vanguard est un poids lourd mondial des produits financiers pour les particuliers, avec 1850 milliards US d'actifs. La firme de Pennsylvanie dirige la plus grande famille de fonds communs de placement du monde, avec 1400 milliards US d'actifs. Vanguard est aussi le numéro 3 mondial des fonds négociés en Bourse (FNB), avec 172 milliards US dans ce secteur.

Les investisseurs canadiens ont déjà accès à ces FNB qu'ils peuvent acheter à la Bourse américaine, par l'entremise d'un courtier. Par contre, la réglementation empêche les Canadiens d'investir dans l'un des 170 fonds communs de placement que Vanguard offre aux États-Unis.

Pour se rapprocher de la clientèle canadienne, Vanguard vient de traverser la frontière en lançant Placement Vanguard Canada, filiale canadienne installée à Toronto qui recrutera bientôt 10 à 15 employés. Mais, pour l'instant, impossible d'en savoir davantage sur les produits.

«Nous ne pouvons donner de détails sur nos produits tant que nous n'avons pas le feu vert des autorités réglementaires», a dit Atul Tiwari, qui dirige la filiale canadienne. Cet avocat compte 20 ans d'expérience en finance, notamment chez Groupe financier BMO, où il a participé au lancement récent de la famille de FNB.

«Mais peu importe la voie que nous allons prendre, nous souhaitons vraiment amener une offre de produits à faibles coûts au Canada, promet-il. Et si notre arrivée incite d'autres fournisseurs à réduire leurs frais, je pense que tous les Canadiens seront gagnants.»

Ce serait une première, car l'industrie canadienne des fonds communs n'a jamais été le théâtre d'une guerre de prix, note Christian Charest, rédacteur en chef adjoint de Morningstar Canada. Au Canada, la plupart des fonds prélèvent plus de 2% de frais par année, parfois même plus de 3%. «On n'a jamais vu une famille de fonds réduire ses frais de manière significative», dit M. Charest.

C'est pourtant ce qui s'est produit lorsque Vanguard est arrivé en Angleterre, en 2009. Le géant américain a lancé une famille de fonds communs indiciels, puis des produits financiers destinés aux régimes de retraite à contributions déterminées. Une brochette de FNB devrait suivre sous peu.

«Presque tout de suite après (l'arrivée de Vanguard), plusieurs fournisseurs ont réduit les frais de leurs fonds. On parlait de l'effet Vanguard», dit M. Tiwari.

Le secret de Vanguard? L'entreprise est détenue par ses clients, pratiquement comme dans une coopérative. «Les investisseurs détiennent les fonds, qui eux-mêmes détiennent l'entreprise. Comme notre entreprise n'est pas inscrite en Bourse, nous sommes capables de retourner tous les profits aux investisseurs, sous forme de frais de gestion très bas», explique M. Tiwari.

Aux États-Unis, les fonds de Vanguard ont des frais de gestion 0,21% en moyenne, par rapport à 1,15% pour les fonds des concurrents.

Vanguard compte percer le marché canadien en distribuant ses fonds par l'entremise de conseillers financiers qui travaillent à honoraires. Mais les fonds seront aussi offerts par l'entremise de courtiers directs, pour les investisseurs autonomes.