L'utilisation du chèque peut sembler obsolète à l'époque du commerce électronique, mais le temps est-il venu de l'éliminer complètement?

Comparativement à la carte de débit ou de crédit qu'il suffit de glisser, le chèque est dispendieux, exige un processus long et demande plus de gestion. Toutefois, selon les experts, le chéquier a toujours son utilité.

Pour Christie Christelis, président de Technology Strategies International, situé à Oakville, en Ontario, l'avenir du chèque est remis en question, mais il ne disparaîtra pas demain.

Au cours des 15 dernières années, la carte de débit a remplacé presque entièrement les chèques dans les magasins à rayons et les boutiques, a précisé Christie Christelis dont la firme se spécialise dans le système de paiements dans les industries canadiennes. «Je ne connais pas beaucoup de commerces qui acceptent des chèques ces jours-ci. Un consommateur qui signe un chèque, c'est une perte de temps.»

La valeur des paiements en chèques personnels pour des achats ne devrait pas dépasser 113 milliards$ en 2014, selon M. Christelis qui précise qu'elle a chuté à 144 milliards$ en 2009.

Même s'il s'avère plus économique d'utiliser les options de paiements électroniques, certains services comme les camps de vacances et les petites entreprises exigent encore des chèques.

Pour Igor Romanov, propriétaire d'un commerce de réparation d'appareils électroménagers de Montréal, le chèque est un outil très utile, moins coûteux pour les clients et plus facile à gérer pour lui. «Je fais confiance à mes clients» a-t-il précisé en soulignant qu'il lui était arrivé seulement quelques fois de recevoir des chèques sans provision. S'il acceptait les cartes de crédit, il devrait refiler les coûts de gestion aux consommateurs.

Le président-directeur général de l'institution financière virtuelle, ING Direct Canada, Peter Aceto, préfère pour sa part les transactions électroniques, mais il ne croit pas que les chèques disparaîtront complètement du paysage financier d'ici peu. «Toutefois, il est vrai que les Canadiens utilisent de moins en moins de chèques» a-t-il souligné en entrevue à La Presse Canadienne à partir de son bureau de Toronto.

Il a même tenté d'éliminer les comptes avec chèques, mais après consultation auprès des membres, l'idée a été abandonnée. «Les clients ont besoin de signer encore quelques chèques à l'occasion.»

Selon Peter Aceto, les clients sont à l'aise avec les transactions en ligne, mais ils ne peuvent pas se passer totalement de chèques. ING Direct fournit 50 chèques gratuits et des transferts de fonds sans frais par courriel à ses clients. Ce qui leur évite des coûts.

À la Banque de Montréal, les chèques sont inclus dans les frais de services mensuels. Si le client ne possède pas ce genre de forfait, il devra débourser 75 cents par chèque.

Les chèques commandés à des compagnies spécialisées dans le domaine peuvent coûter jusqu'à 35$ pour 50 unités ou 40$ pour 100. Il est donc important pour le consommateur de calculer combien de chèques il utilise par mois ou par année et de voir si ça vaut la peine.

Le Royaume-Uni a déjà annoncé la fin des transactions par chèque d'ici 2018.

Le commerce canadien profiterait d'une réduction de papier selon Peter Aceto. Des coûts importants sont reliés à la sécurité et à la production de ces documents, ce qui est inefficace.

Pour sa part, la compagnie NEBS Canada, qui approvisionne les petites compagnies, affirme que l'utilisation de chèques est demeurée relativement constante au cours des dernières années. «Ils servent surtout de preuves de paiement que l'on peut retracer facilement», a précisé un des associés, Wes Carrington, lors d'une entrevue, de son bureau de Midland, en Ontario.

Les chèques sont encore très efficaces en comptabilité au dire de M. Carrington, spécialement pour les paies et les comptes à recevoir.