Les grandes banques américaines ont dans l'ensemble retrouvé une belle santé l'an dernier, même si l'étoile de Goldman Sachs, dont les résultats ont chuté, a pâli et si Bank of America reste engluée dans les pertes deux ans après la crise.

JPMorgan Chase a encore fait figure d'élève modèle en 2010 avec un bénéfice en hausse de 48% à 17,4 milliards de dollars, et un chiffre d'affaires en très légère hausse.

La Californienne Wells Fargo a quant à elle publié des résultats qualifiés de «record», avec un bénéfice annuel de 11,63 milliards de dollars, en hausse de 46% par rapport à l'année précédente.

Citigroup a retrouvé sa rentabilité en 2010 avec un bénéfice de 10,6 milliards de dollars contre une perte en 2009, grâce à une embellie sur le front du crédit. Mais elle a pâti de mauvaises performances du courtage, décevant les analystes.

«Les banques s'assainissent mais peinent à faire croître leur chiffre d'affaires», constate Gregori Volokhine, directeur de Meeschaert Capital Markets, remarquant que, grâce à une embellie du marché du crédit, les banques réduisent leur provisions pour pertes ce qui dope leurs bénéfices.

La banque d'affaires la plus prestigieuse de Wall Street, Goldman Sachs, a toutefois perdu de son lustre: son bénéfice a chuté de 37% à 7,7 milliards de dollars en 2010 (de 53% au dernier trimestre) à cause d'une mauvaise performance du trading et de l'obligataire.

«L'environnement du marché a été difficile pendant la plus grande partie de 2010», a plaidé le PDG Lloyd Blankfein.

Outre la réforme financière Dodd-Frank votée en juillet qui l'a conduite à fermer ses opérations de courtage en nom propre et a limité ses activités sur produits dérivés, Goldman Sachs a également pâti de la frilosité de ses clients, refroidis par les incertitudes sur la réglementation financière, la reprise encore faible aux États-Unis et la crise de la dette en Europe.

«Les beaux jours sont finis pour Goldman», estime M. Volokhine, qui dit que celle que l'on comparait à un fonds spéculatif géant va devoir davantage compter sur ses activités traditionnelles de banque d'investissement.

Sa rivale Morgan Stanley, dans le rouge en 2009, est revenue largement dans le vert en 2010 avec un bénéfice de 3,6 milliards de dollars. Au quatrième trimestre, son bénéfice a même bondi de 60%, grâce à une nette progression de son chiffre d'affaires.

La première banque américaine, Bank of America (BofA), reste la plus fragilisée. Ses pertes se sont aggravées en 2010, à 3,6 milliards de dollars au lieu de 2,2 milliards, à cause de plus de 12 milliards de dépréciations d'actifs intangibles liées à ses activités dans l'hypothécaire.

La banque reste engluée dans les problèmes hérités de Countrywide, l'organisme de crédit hypothécaire qu'elle a racheté pendant la crise, et qui symbolise toutes les dérives des «subprime».

Elle fait face à de très nombreuses plaintes liées à l'affaire des procédures douteuses de saisie immobilière, et surtout, pourrait devoir racheter des dérivés de crédit adossés à des prêts immobiliers à risque (subprime) qu'elle a vendus avant la crise à un groupe d'investisseurs, dont Pimco, Blackrock, la Fed de New York et Metlife.

Les dirigeants de BofA ont estimé vendredi qu'ils pourraient avoir à racheter 7 à 10 milliards de ces prêts.

Outre un marché immobilier qui ne redémarre pas et un taux de chômage encore très élevé aux États-Unis, les six plus grandes banques américaines ont dénoncé des coûts du crédit et des défauts sur prêts encore anormalement élevés, même si ces défauts ralentissent et si la demande de crédit redémarre.

Toutes se sont toutefois montrées optimistes. «Nous voyons des signes de croissance et une activité économique en hausse», a ainsi assuré M. Blankfein.

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