Bank of America (BAC) s'est enfoncée dans le rouge l'an dernier à cause de dépréciations liées à ses problèmes dans l'immobilier et à une baisse du chiffre d'affaires, mais a réduit la perte sur le quatrième trimestre, des résultats largement inférieurs aux prévisions dans les deux cas.

Elle a publié vendredi une perte annuelle nette part du groupe de 3,6 milliards de dollars en 2010 contre 2,2 milliards un an plus tôt.

Au quatrième trimestre, la perte s'élève à 1,6 milliard, trois fois inférieure à celle de 5,2 milliards enregistrée un an plus tôt à la même période.

Par action, le bénéfice net hors éléments exceptionnels ressort à 86 cents sur l'année et 4 cents sur l'année, alors que les analystes tablaient sur 98 cents et 14 cents respectivement.

«Nous ne sommes pas satisfaits de ces chiffres», a reconnu le directeur général Brian Moynihan lors d'une conférence d'analystes.

«L'an dernier a été une année de reconstruction et de nécessaires corrections», a-t-il justifié dans le communiqué.

Sur l'ensemble de l'année, la banque a passé des dépréciations d'actifs intangibles (goodwill) de 12,4 milliards de dollars. En les excluant, elle a gagné 10,2 milliards.

«Nos résultats reflètent les progrès que nous faisons pour mettre cet héritage, essentiellement lié à l'hypothécaire, derrière nous», a-t-il ajouté, précisant que l'organisme de crédit Countrywide, racheté pendant la crise financière, «continue à peser sur nos activités».

Countrywide incarne toutes les dérives des organismes ayant vendu des crédits à des ménage insolvables, et qui se sont retrouvés massivement en défaut de paiement.

Première banque américaine en termes d'actifs, BofA a vu son chiffre d'affaires reculer de 8% l'an dernier à 110,2 milliards de 11% lors des trois derniers mois de l'année. C'est moins bien qu'attendu.

«Nous entrons dans l'année 2011 (...) sur fond d'amélioration de l'économie» même si «une reprise pleine dépend de la stabilité du marché immobilier», a précisé M. Moynihan, qui a estimé sur CNBC qu'il faudrait encore 2 à 3 ans pour assainir le marché.

Sur le seul quatrième trimestre, Bank of America a passé 2,2 milliards de dollars de dépréciations d'actifs intangibles dans sa division d'assurances et prêts immobiliers, et une provision de 4,1 milliardsliée à de probables rachats de titres dérivés adossés à des prêts hypothécaires risqués vendus à des investisseurs avant la crise.

Un groupe d'investisseurs incluant les fonds d'investissement Pimco et Blackrock, l'assureur Met Life, et l'antenne de New York de la banque centrale américaine (Fed), a mis en demeure BofA de lui racheter des titres hypothécaires qu'elle lui a vendus et qu'il évalue au total à 47 milliards de dollars, estimant que la banque a mal représenté ces prêts.

BofA estime qu'elle pourrait avoir à racheter jusqu'à 7 à 10 milliards de ces prêts.

Début janvier, elle a payé 2,6 milliards à Fannie Mae et Freddie Mac pour régler un contentieux hypothécaire avec ces deux organismes de refinancement para-publics.

Sur l'année, les dépenses juridiques se sont élevées à 2,6 milliards.

Le groupe a également pâti de dépenses en nette hausse en raison des embauches qu'elle a dû effectuer pour examiner les dossiers de saisies litigieuses ou collecter les prêts en défaut.

Les provisions pour pertes liées au crédit ont reculé de 42% à 28 milliards de dollars sur l'année.

Le ratio de Tier One commun se situait à 8,6% fin décembre.

L'action prenait 1,03 % à 14,69 dollars vers 10 h après avoir ouvert en baisse.

Les analystes de Nomura jugeaient le quatrième trimestre «OK avec une amélioration du crédit, un peu de croissance dans les prêts et les dépôts».