Ottawa se joint aux provinces dans la recherche d'une solution de rechange moins coûteuse aux controversés «prêts sur salaire» pour les emprunteurs à faible revenu.

Alors que les institutions financières font peu de cas du crédit social dédié à cette tranche de la population, un comité d'Industrie Canada examine les possibilités d'accéder au crédit traditionnel pour les travailleurs n'ayant pas d'autre choix que d'opter pour les prêts garantis par des entreprises.

Les prêts sur salaire coûtent beaucoup plus cher que les prêts traditionnels des banques et les travailleurs à faible revenu y sont particulièrement vulnérables. Des sondages suggèrent qu'environ huit pour cent des Canadiens ont déjà eu recours à une entreprise de prêts sur salaire.

De façon générale, ces entreprises octroient un prêt sur salaire d'environ 280 $ pour une durée de dix jours, à la condition qu'un véritable chèque de paie ait été présenté par l'emprunteur. Le prochain salaire de l'employé sera versé à l'entreprise prêteuse une fois que les frais et les intérêts liés à la transaction auront été déduis.

En 2007, la loi C-26 a été adoptée pour permettre aux provinces de légiférer en la matière et de garder à l'oeil les entreprises oeuvrant dans le secteur. Neuf provinces ont déjà adopté des lois pour resserrer la pratique ou planifient de le faire, à l'exception de Terre-Neuve-et-Labrador.

Le Québec a fait ses classes et pourrait servir de modèle pour les autres provinces, notamment avec le système des caisses populaires, selon le professeur de l'université de Winnipeg en développement international, Jerry Buckland. La province figure parmi les endroits où des services et programmes ont été mis sur pied pour fournir des petits prêts aux travailleurs, a-t-il fait valoir. «Une approche responsable pour les consommateurs vulnérables a été développée au Québec», estime M. Buckland.

Les banques se contenteraient des cartes de crédit pour répondre aux besoins des prêts à court terme des travailleurs à faible revenu, a-t-il ajouté. «Les institutions financières ne semblent pas vouloir étudier les autres avenues possibles», a déploré M. Buckland.

Le comité d'Industrie Canada, formé de représentants de six provinces, a étudié les façons de faire des États-Unis, champion des méthodes innovantes pour permettre l'accès au crédit aux employés au revenu modeste. L'Australie, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, entre autres, offrent également des solutions dont le Canada pourrait s'inspirer en matière de crédit à faible coût.

Le regroupement canadien des entreprises de prêts sur salaire, qui rassemble 23 firmes dont 432 succursales de Money Mart, croit que la concurrence et l'arrivée d'autres solutions de rechange seraient bénéfiques. «Une multitude de choix pour les consommateurs représente le meilleur des scénarios», soutient le président de l'Association canadienne des paiements, Stan Keyes.