La plus grosse banque au Canada, la Royale, a encore déçu ses actionnaires hier avec des résultats financiers inférieurs aux attentes, pour une cinquième trimestre consécutif.

Son profit net au 4e trimestre a reculé de 9% à 1,12 milliard, ou 74 cents par action, presque 20% de moins que les prévisions d'analystes.

En contraste, la Banque Scotia, la plus internationale parmi ses consoeurs, a réjouit ses actionnaires en divulguant une hausse de bénéfice trimestriel de 21% à 1,09 milliard ou 1$ par action.

C'est mieux que ce qu'avaient prévu les analystes. Et même suffisant pour susciter des commentaires favorables des dirigeants de la Scotia pour une prochaine hausse de dividende.

En Bourse, hier, ces résultats aussi contrastés ont eu un impact marqué.

Les actions de la Banque Royale (RBC) ont subi leur pire gifle en sept mois. Elles ont reculé de plus de 5% en mi-séance avant de terminer en baisse à peine moins prononcée de 4,4% à 53,25$.

Cette autre glissade boursière pour la Royale accentue son statut peu reluisant de pire rendement en 2010 parmi les banques canadiennes.

En revanche, du côté de la Scotia, ses actions ont profité d'une bonne appréciation de 3% pour clôturer à 55,63$, un nouveau prix record de fermeture.

Qu'est-ce qui cloche le plus à la Royale? Ou fonctionne le mieux à la Scotia?

En bref: leur stratégie respective d'expansion hors du Canada.

La Banque Royale continue de peiner aux États-Unis avec ses filiales bancaires telles que RBC Centura, après y avoir investi 4,6 milliards depuis 10 ans.

Au point où ses dirigeants ont admis hier réviser leurs priorités américaines après l'annonce d'une autre lourde perte trimestrielle de 157 millions à l'international, la dixième consécutive.

Pendant ce temps, à la Banque Scotia, «l'expansion internationale porte fruits», résume Peter Routledge, analyste des banques à la Financière Banque Nationale (FBN).

Au quatrième trimestre, la Scotia a encore augmenté ses profits de son réseau international qui touche maintenant 50 pays, dont plusieurs en forte émergence économique.

En hausse forte de 28%, à 363 millions, le profit international de la Scotia s'est ajouté à la croissance (+15%) du bénéfice trimestriel de ses activités bancaires au Canada, qui a atteint 567 millions.

Mais aussi, la vigueur du bénéfice international a pu compenser en partie le recul des résultats de la division des marchés boursiers.

À la Banque Royale, les résultats de l'importante division des marchés ont repris du mieux au quatrième trimestre par rapport au précédent, qui avait été mauvais.

Néanmoins, le bénéfice de cette division boursière demeure inférieur d'un tiers à son niveau d'il y a un an.

En parallèle, la plus grosse source de bénéfice de la Royale - ses activités bancaires au Canada - a stagné à 765 millions au quatrième trimestre par rapport au précédent. C'est aussi à peine 6% de plus que lors du trimestre correspondant en 2009.

«Ce résultat est très décevant. En fait, les résultats de la Royale au quatrième trimestre sont ratés sur presque toute la ligne», estime Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale.

Chez Barclays Capital, l'analyste John Aiken déplore que «pour un deuxième trimestre consécutif à la Royale, c'est difficile de trouver du positif parmi tant des faiblesses qui pourrait rehausser les perspectives de profit à court terme.»

Pour tout son exercice 2010, la Royale a rehaussé son bénéfice net 35% à 5,3 milliards, alors que ses revenus totaux ont légèrement fléchi de 2,6% à 28,3 milliards.

À la Scotia, l'exercice 2010 se solde avec des revenus en hausse notable de 7% à 15,5 milliards alors que le bénéfice net a progressé de 19% à 4,2 milliards.