Dans l'industrie des fonds communs de placement, le Québec n'a jamais eu sa part du gâteau. Très souvent, l'épargne des Québécois est aiguillée vers des fonds gérés par des financiers de l'extérieur de la province. Pourtant, ce n'est pas le talent qui manque ici. À preuve, La Presse Affaires vous présente dix gestionnaires étoile du Québec.



Ce n'est pas le talent qui manque au Québec en gestion d'actifs. La province compte plusieurs firmes de gestion institutionnelle de premier plan. Or, le Québec n'a jamais eu sa part du gâteau dans l'industrie des fonds communs de placement.



Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les épargnants du Québec détiennent environ 15% de la valeur totale des fonds communs au Canada, soit un peu plus de 100 milliards d'actifs sur 650 milliards d'actifs, selon l'Institut de la statistique du Québec.

Pourtant, aucune société québécoise ne fait partie du Top 10 des plus grandes familles de fonds au Canada. Ensemble, les quatre grandes familles québécoises gèrent des actifs de 37,5 milliards. Cela représente à peine 6% des parts du marché.

En fait, les Québécois confient très souvent leurs épargnes à des gestionnaires de l'extérieur de la province.

«Que la famille de fonds ou le gestionnaire de portefeuille soit installé au Québec, ça ne semble pas être un critère de sélection pour les investisseurs. Ils se fondent plutôt sur la performance, le niveau de risque...» explique Stéphane Langlois, président du Conseil des fonds d'investissement du Québec (CFIC).

«Pourtant, les gestionnaires d'ici sont aussi performants, enchaîne-t-il. Et on voit que les familles de fonds au Québec sont en santé.»

Société distincte

Si l'industrie des fonds communs est moins développée au Québec, c'est peut-être que la clientèle, moins tolérante au risque, s'est intéressée plus tard à ce type de placement.

Encore aujourd'hui, le décalage persiste. Seulement le quart (24%) des ménages québécois détiennent des fonds communs, le taux de pénétration le plus faible de toutes les provinces. Dans l'ensemble du Canada, le tiers (34%) des ménages possède des fonds. En Ontario, c'est 40%, selon l'Institut des fonds d'investissement du Canada (IFIC).

Le paysage des fonds est très différent au Québec. Ici, Desjardins et la Banque Nationale sont parmi les plus gros vendeurs, comme le démontrent les ventes nettes du premier semestre 2010, compilées par Investor Economics (voir tableau).

Les fonds Desjardins sont la plus grande famille du Québec. La firme se classe au 12e rang à l'échelle canadienne, avec 12,6 milliards d'actifs. Juste derrière, arrive la famille de la Banque Nationale, au 13e rang, avec 12 milliards.

Mais on reste loin de la famille de la Banque Royale qui est en tête de l'industrie, avec 104 milliards d'actifs. Après une phase de consolation intense, les grandes banques canadiennes contrôlent désormais presque la moitié de l'industrie canadienne. Or, une infime partie de leurs fonds sont gérés au Québec, à l'exception de la CIBC qui a maintenu une équipe à Montréal après avoir racheté Tal Gestion globale d'actifs et sa famille de fonds Talvest, il y a près de 10 ans.

Toile de fonds

Joueur montant au Québec, l'Industrielle-Alliance/Clarington occupe maintenant la 14e place. La famille de l'assureur de Québec a grossi à coup d'acquisitions, notamment celle d'Inhance, une famille de fonds socialement responsables.

On retrouve aussi les Fonds de placement Standard Life, en 16e place. La filiale canadienne du géant écossais de l'assurance est établie à Montréal, où elle compte une importante équipe de 37 financiers.

Le Québec compte aussi quelques familles de fonds qui s'adressent spécifiquement aux membres d'associations professionnelles (FMOQ et Férique, Financière des professionnels). Leur dénominateur commun: des frais de gestion extrêmement bas qui permettent de livrer des rendements supérieurs.

Et puis, au début d'octobre, Jarislowsky Fraser a lancé officiellement sa famille de fonds communs à frais de gestion modiques. Jusqu'ici, seuls les investisseurs plus fortunés avaient accès aux services du plus grand investisseur institutionnel à Montréal.

Sans avoir de famille à leur nom, plusieurs gestionnaires institutionnels gèrent des fonds communs pour d'autres familles. C'est le cas de Fiera Sceptre, fondée en 2003 par l'ancien patron de Tal qui a acquis les activités de gestion du Mouvement Desjardins, dont il gère encore bon nombre de fonds. Fiera s'est développée à grande vitesse, en enfilant les transactions, notamment avec Sceptre au printemps dernier.

Il y a aussi quelques familles de l'extérieur qui ont des gestionnaires au Québec. C'est le cas de Fidelity, qui est d'ailleurs plus populaire au Québec que dans le reste du Canada. La société de Boston a ouvert un bureau à Montréal, en 2009, pour y installer une partie de ses gestionnaires.

À lire samedi prochain dans nos pages Plus Value: Les secrets des meilleurs gestionnaires d'actifs en ville.