Dix mois après avoir écopé d'une lourde amende de 75 millions de dollars pour son rôle dans la crise des papiers commerciaux (PCAA), la Banque Nationale (T.NA) donne suite aux conditions qui accompagnaient cette punition d'une rare ampleur dans le secteur bancaire.

Cette amende négociée avec les autorités financières, dont l'Autorité des marchés financiers (AMF) au Québec, comportait une part de 4 millions devant être dépensée en deux ans pour des projets d'éducation financière du grand public.

C'est donc pour se conformer à cette ordonnance que la Banque Nationale lance ces jours-ci deux sites internet d'informations en finances personnelles: Jecomprends.ca en version française et Clearfacts.ca en version anglaise.

«Oui, ces projets découlent du règlement relatif aux PCAA. Mais nous discutons déjà de leur pérennité au-delà des deux années obligatoires», a confirmé la porte-parole de la Banque Nationale, Joan Beauchamp.

Crise des PCAA

Le règlement relatif aux PCAA est intervenu en décembre dernier entre les autorités et les sept banques et firmes financières impliquées dans la vente de ces titres de dette qui se sont avérés viciés.

Cette crise, faut-il rappeler, a impliqué quelque 32 milliards en PCAA non bancaires qui avaient été vendus comme placements sûrs à court terme parmi de nombreux investisseurs et entreprises. Mais ce marché s'est effondré au Canada en août 2007 dès les premières vagues de ce qui devint, l'année suivante, la pire crise bancaire et financière internationale en trois quarts de siècle.

Au Québec, la débâcle des PCAA non bancaires a été particulièrement désastreuse pour la Caisse de dépôt et placement. Le bas de laine collectif des Québécois avait investi des milliards dans ce marché afin de rehausser le rendement à court terme de ses principaux portefeuilles de placements.

Cet épisode noir de la finance canadienne et québécoise a plutôt été tu lors de l'annonce des deux sites web d'éducation financière de la Banque Nationale, hier. Selon Joan Beauchamp, les deux sites internet visent à informer les «gens de tous les âges» sur les principaux aspects des finances personnelles.

Un porte-parole champion

En y associant le champion olympique de ski acrobatique, Alexandre Bilodeau, la Nationale souhaite aussi susciter l'intérêt des jeunes au début de leur vie financière et professionnelle.

Fils d'un comptable-fiscaliste, Alexandre Bilodeau commence d'ailleurs des études en finances à l'Université Concordia. «Les sports et les finances, c'est un peu la même chose. Il y a tellement de choses à prendre en compte que c'est important d'avoir un bon coach et de bons conseils», a-t-il commenté par voie de communiqué, hier.

Pour ce champion du ski de bosses, toutefois, cette association publicitaire avec la Banque Nationale ne s'étendra pas du côté de ses commanditaires de sa saison de compétitions.

La Nationale dit par ailleurs avoir pris les précautions nécessaires pour assurer la neutralité du contenu des sites internet, en confiant leur gestion à des consultants externes avec une expérience journalistique.

Et ce, même si la seconde porte-parole des sites est Sophie Ducharme, notaire et vice-présidente de la filiale Banque Nationale Trust, qui est spécialisée en gestion d'avoirs des particuliers. Mme Ducharme est aussi chroniqueuse en finances personnelles au canal Vox de Vidéotron et à la chaîne télé Argent de TVA/Quebecor.

«Nos sites fourniront des avis d'experts en finances personnelles, mais accessibles à tout le monde. Ce n'est pas pour promouvoir nos services. Tous les collaborateurs en contenu sont indépendants», a souligné Joan Beauchamp, de la Nationale.

Contenus externes

Une partie du contenu des nouveaux sites proviendra de sources externes à la banque comme les facultés de gestion des universités McGill et UQAM.

On y retrouvera aussi du contenu provenant du magazine de consommation Protégez-vous et de la division d'économie de la chaîne télé d'information continue RDI, chez Radio-Canada.