GE Capital réclame 1,6 million de dollars à son ex-vice-président Carlo Fargnoli en raison de transactions «extrêmement peu orthodoxes» réalisées entre 2004 et 2009.

Jonathan Kruk, présumé complice de M. Fargnoli, de même que son entreprise J.K. Auction House sont conjointement poursuivis dans cette affaire. La requête a été déposée en Cour supérieure, lundi, à Montréal.

Carlo Fargnoli a été congédié en janvier dernier après une enquête de GE sur des «versements inexpliqués». Ces versements, totalisant 1,6 million, ont été faits dans le cadre de la restructuration financière de six entreprises. L'argent a essentiellement abouti dans les comptes de banque de Jonathan Kruk, un étudiant de 25 ans. Une fois déposé, l'essentiel des fonds était retiré en argent liquide par M. Kruk à coup de 20 000, 50 000 ou 60 000$.

Depuis 2003, Carlo Fargnoli était spécialisé dans la relance d'entreprises au bord de la faillite. Il était considéré comme le Wayne Gretzky de la finance et il était un ami personnel du grand patron de GE Canada, Patrick Palerme.

Les soupçons de GE n'ont pas été prouvés en cour. Carlo Fargnoli a intenté une poursuite de 4,7 millions contre son ex-employeur pour diffamation, l'automne dernier.

Selon la requête de GE, les versements en question n'ont pas fait l'objet de vérifications diligentes et n'ont pas reçu les autorisations appropriées de la direction.

Dans les documents internes, GE dit avoir constaté que ces versements avaient été décrits comme des commissions pour services rendus par JK Auction ou par des entités associées. Les services consistaient simplement à faire transiter dans JK Auction des actifs de clients de GE, est-il écrit dans la requête.

Philippe Bélanger

La requête mentionne le nom de procureur externe de GE, Philippe Bélanger, avocat réputé dans le domaine des faillites à Montréal, qui travaille pour le compte de McCarthy Tétrault.

Consulté au sujet de ces transactions par GE, Philippe Bélanger les a jugées «extrêmement peu orthodoxes». Dans l'une des transactions, à laquelle Me Bélanger avait assisté, l'avocat se rappelle que l'intermédiaire d'alors, le père de Jonathan Kruk, «n'avait clairement pas idée de ce qui se passait», selon la requête.

Carlo Fargnoli aurait également fait pression sur la trésorerie de GE pour que les paiements se fassent rapidement alors qu'ils auraient dû nécessiter certains documents, selon la requête. Qui plus est, certains des clients avec qui Carlo Fargnoli faisait affaire avaient des antécédents criminels ou étaient associés au monde criminel, soutient la requête.

Nous n'avons pas joint Carlo Fargnoli ni Jonathan Kruk. Toutefois, dans des entretiens réalisés pour de précédents articles, Carlo Fargnoli avait expliqué n'avoir rien à se reprocher.

Selon ses explications, l'utilisation d'un tiers comme JK Auction pour faire des transactions avait un but bien précis, soit le transfert du risque de GE vers JK. Pour absorber ce risque, JK obtenait une commission.

«L'entreprise JK servait à absorber le risque. Donc, il est normal que son dirigeant veuille retirer l'argent de l'entreprise (NDLR: pour le mettre à l'abri de poursuites de tiers). J'imagine que les états financiers de JK diront ce que l'entreprise a fait avec l'argent. En temps et lieu, Jonathan Kruk va dire ce qu'il a fait avec l'argent, il va le justifier. D'ici là, regardons les faits globalement avant de juger», nous avait dit M. Fargnoli.

Parmi les clients dont la restructuration a fait l'objet de commissions à JK, la requête mentionne les entreprises Atlas Asphalte, Excavation DP, Béton Grilli, Acier Blais et Bois Oméga.

Ils ne sont pas poursuivis par la société GE.