Comme nouvelle dirigeante de Sun Life au Québec, Isabelle Hudon ne veut pas seulement augmenter les ventes d'assurances ou de REER. Elle s'est donnée comme mission de faire oublier aux Québécois le douloureux épisode du déménagement du siège social de Sun Life à Toronto, en 1978.

Devant l'adoption de la loi 101 par le gouvernement du Parti québécois et l'éventualité d'un référendum sur la souveraineté, la compagnie d'assurances avait déménagé son siège social dans la Ville Reine. Une décision qui a toujours des répercussions trois décennies plus tard. «Ça ne continue pas de faire mal, mais c'est dans la mémoire collective, dit Isabelle Hudon. Mon fils, qui étudie au secondaire, me disait qu'on prenait l'exemple de Sun Life dans ses cours pour expliquer le déménagement des sièges sociaux de Montréal vers Toronto.»

Nommée hier présidente de la Financière Sun Life au Québec - un nouveau poste au sein de la compagnie d'assurances -, Isabelle Hudon est consciente de l'ampleur du défi qui l'attend. «En matière de produits financiers, les Québécois recherchent l'excellence des produits mais le déménagement du siège social est quand même le dernier gros souvenir public de Sun Life, dit-elle. C'est notre défi d'écrire un nouveau chapitre, de regarder vers l'avenir.»

À première vue, la nomination d'Isabelle Hudon à la tête la Sun Life au Québec surprend. Celle qui a fait un passage remarqué comme PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain de 2004 à 2008 avoue avoir «très peu d'expérience» dans le secteur financier. Elle a passé toute sa carrière dans le milieu des communications, que ce soit chez BCE, à l'Agence spatiale canadienne ou dans le personnel politique du gouvernement Mulroney à Ottawa.

«Je n'ai pas choisi le secteur de l'assurance, j'ai été attirée par le défi de Sun Life, dit Isabelle Hudon. Sun Life est un leader au plan international et au Canada. Au Québec, c'est un leader avec un brin de timidité sur la place publique. J'aurai une courbe d'apprentissage ardue au moins jusqu'à Noël. Ma première priorité va être d'apprendre des 1500 employés de Sun Life au Québec, tous des experts dans leur domaine.»

En 2008, Isabelle Hudon a quitté la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain pour devenir présidente de l'agence de publicité Marketel. Le mariage très médiatisé Hudon-Marketel n'a duré que 18 mois. Isabelle Hudon a quitté ses fonctions chez Marketel en avril dernier. «Je ne me suis jamais sentie chez moi dans le milieu de la pub. J'ai fait un tour de piste, mais ça ne me réveillait pas chaque matin», dit Isabelle Hudon, qui siège au conseil d'administration d'Aéroports de Montréal et de Holt Renfrew.

Isabelle Hudon dit avoir été approchée au printemps par un chasseur de têtes pour le nouveau poste de président de Sun Life au Québec. «Sun Life cherchait une personnalité publique qui allait faire rayonner la marque dans un objectif de croissance, dit-elle. La priorité n'était pas de trouver un actuaire qui connaissait le milieu des assurances.»

Sous le règne Hudon, Sun Life devrait augmenter sa présence dans la communauté au Québec. «Sun Life investit déjà des centaines de milliers de dollars en commandites et en dons, mais il va falloir que l'entreprise ouvre plus grandes ses portes et s'implique davantage», dit Isabelle Hudon, qui préside les conseils d'administration de l'UQAM, de la Société du Havre de Montréal et du Collectif de festivals montréalais.

Avec 1500 employés au Québec, Sun Life est la septième plus grande compagnie d'assurance de la province. Sun Life a 7600 employés au Canada. À la Bourse de Toronto, le titre de Sun Life a gagné 0,59% (0,16$) hier pour clôturer la séance à 27,41$.