Au début du mois, les taux d'intérêt ont commencé leur ascension. Augmenteront-ils encore un peu? Beaucoup? À la folie?

Dans ce contexte, la tendance est à la sécurité avec un terme de cinq ans à taux fixe. Avec raison, sans doute. Pourtant, on entend dire que le choix du taux variable a été plus rentable depuis des décennies.

«Se baser sur les 30 dernières années n'est pas un bon repère pour établir sa stratégie pour demain», fait valoir Daniel Laverdière, actuaire, planificateur financier et expert-conseil de Banque Nationale Gestion privée 1859.

Pour le démontrer, il a comparé les deux stratégies sur la base des données de la Banque du Canada.

Chaque mois, depuis février 1980, il a fait la vérification suivante: pour ce moment précis, a-t-il été plus rentable de choisir un terme de cinq ans ou cinq termes d'un an?

En répétant cet exercice mois après mois, il a découvert que neuf fois sur dix, la série de cinq taux d'un an s'est révélée plus rentable.

Il y a deux explications. D'abord, le taux d'un an en vigueur à un moment donné est habituellement plus bas que le taux de cinq ans offert au même moment. En effet, si on considère que le taux de cinq ans est une forme d'assurance contre les hausses, la prime se paie en points de pourcentage.

Cependant, et c'est là le point majeur, depuis le sommet de 1980, les taux d'intérêt ont généralement maintenu une tendance à la baisse. Par conséquent, durant une période donnée de cinq ans, les taux d'un an ont le plus souvent diminué d'une année à l'autre. «Le taux de cinq ans nous protège en cas de hausse du taux d'intérêt, mais il s'avère que depuis les 30 dernières années, il n'a pas augmenté souvent, observe l'actuaire. Il est passé de 20% à 6%.»

Il ajoute une métaphore: «On a payé une assurance, mais on n'est jamais passé au feu.»

Le portrait pourrait être tout autre au cours d'une longue période généralement à la hausse.

Daniel Laverdière a refait l'exercice avec les taux en vigueur au cours du printemps, 5,25% pour le taux de cinq ans contre 3,6% pour le taux d'un an. Il suppose que celui-ci s'accroîtra de 0,80% par année durant les quatre prochaines années, passant ainsi à 4,4%, 5,2%, 6,0% et enfin 6,8%. Résultat: «Le taux annualisé demeurerait semblable au taux fixe de 5,25%, indique-t-il. De cette manière, dans ce qui constitue quand même une bonne remontée, ce ne sera pas plus mal que d'avoir choisi un taux fixe de 5,25%. Le problème, c'est si les taux augmentent encore plus.»

Le taux de cinq ans protège contre cette éventualité.

Mais que se passera-t-il si, au renouvellement de l'hypothèque, au terme de ces cinq ans, le taux d'intérêt en vigueur est stratosphérique? Le budget du ménage pourra-t-il soutenir cette mensualité plus élevée?

Dans une étude sur cette question, Daniel Laverdière a constaté que les hausses de taux de cinq ans se conjuguaient généralement à une période d'inflation. «On s'est aperçu que si les taux augmentent et que l'hypothèque passe de 1000$ à 1200$, le salaire a lui aussi augmenté. Ces 1200$ ne font pas plus mal au budget que les 1000$ d'il y a cinq ans. Toutes proportions gardées, c'est le même effort. Le terme de cinq ans nous immunise de cette manière.»

Chose certaine, le budget doit se réserver une marge pour les hausses. «Il ne faudrait pas évaluer sa capacité à dépenser avec le taux le moins élevé qui existe sur les tablettes des institutions financières», conclut-il.