Relance de l'économie mondiale, taxe sur les banques: les ministres des Finances du G20 auront un horaire chargé aujourd'hui et demain au sommet de Busan, en Corée du Sud.

La proposition d'une taxe bancaire comme palliatif à une prochaine crise financière, à laquelle s'oppose le gouvernement Harper au Canada, divise de plus en plus les pays du G20.

Au point où leurs ministres des Finances, réunis aujourd'hui et demain à Busan en Corée du Sud, auraient relégué ce débat au second plan afin de se concentrer sur la suite des mesures de soutien de la reprise économique.

C'est ce que suggère une version préalable du communiqué final de la réunion de Busan que l'agence d'informations financières Dow Jones a obtenu.

«La volatilité récente des marchés financiers nous rappelle que l'économie mondiale demeure fragile et que la coopération internationale demeure très nécessaire», lit-on dans le projet de communiqué.

«Nous (les pays du G20) demeurons en état d'alerte; surveillant attentivement l'économie et poursuivant la meilleure coordination possible de nos politiques afin d'être prêt à intervenir pour maintenir la stabilité financière mondiale.»

Quant au projet de taxe bancaire de recouvrement, il ne ferait l'objet que d'un bref paragraphe très générique dans le communiqué de la rencontre de Busan. Et ce, malgré la nouvelle proposition en ce sens attendue aujourd'hui de la part du Fonds monétaire international (FMI).

«Nous convenons de développer, avec l'apport du FMI, un ensemble de principes sur la façon dont le secteur financier pourrait contribuer de façon équitable, mais substantielle» aux coûts de redressement de prochaines crises financières, selon le texte préliminaire du communiqué ébruité par Dow Jones.

Même le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, l'un des principaux partisans d'une taxe bancaire, a avoué hier en Corée «ne pas croire que nous soyons près d'un consensus global à ce sujet».

Londres ira de l'avant

Pendant ce temps, à Londres, le nouveau premier ministre de Grande-Bretagne, David Cameron, clamait en point de presse avec son homologue canadien, Stephen Harper, que son gouvernement irait de l'avant avec une taxe bancaire même en l'absence de consensus parmi le G20. M. Cameron a aussi indiqué son intention de militer ardemment en ce sens lors du prochain sommet de chefs d'États du G20, qui aura lieu à la fin juin à Toronto.

Les autres principaux gouvernements d'Europe, dont la France et l'Allemagne, ont déjà manifesté leur appui au projet de taxe bancaire de recouvrement. Il est donc très improbable que le premier ministre Harper parvienne à les faire changer d'avis ces jours-ci.

En revanche, l'opposition du Canada à une taxe bancaire rallie d'autres pays du G20 dont le Japon, l'Australie, le Brésil, l'Inde et la Russie. De plus, on a appris hier de Pékin, où le ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, faisait escale avant de se rendre à Busan, que la Chine pourrait confirmer son opposition à une taxe bancaire.

En point de presse, le ministre Flaherty a soutenu que ses interlocuteurs chinois lui avaient indiqué leur opposition à une telle taxe. Mais peu après, des analystes de la politique chinoise ont mis en garde contre une conclusion hâtive avant une annonce officielle de Pékin.

Pendant ce temps, la solution de remplacement à une taxe bancaire qui a été proposée à Ottawa par le surintendant des institutions financières, c'est-à-dire l'émission de titres bancaires en période prospère qui seraient convertibles en actions en cas de crise, fait de plus en plus jaser parmi les pays du G20. Surtout les pays qui, à l'instar du Canada, n'ont pas eu à soutenir leurs banques avec des injections massives de fonds publics lors de la grave crise de la fin de 2008 et du début de 2009.

À lui seul, le gouvernement américain a fourni 700 milliards de dollars en soutien parmi les principales banques et firmes financières aux États-Unis. Par conséquent, l'administration Obama veut implanter une taxe de recouvrement sur les sociétés de plus de 50 milliards d'actifs.

Une telle taxe rapporterait près de 10 milliards par an, selon le secrétariat au Trésor. Un contexte semblable existe en Grande-Bretagne. Londres compte sur une taxe bancaire pour récupérer une partie des dizaines de milliards de livres sterling qu'il a dû avancer en soutien au secteur financier depuis deux ans.