La Presse Affaires a recueilli l'opinion de quatre financiers québécois quant à la conduite des dirigeants de Goldman Sachs pendant la crise financière.

Lancry Gabriel

Gestionnaire de portefeuille associé et conseiller principal en gestion de patrimoine chez ScotiaMcLeod

«Les subprimes, c'est comme la fabrication des saucisses Hygrade. Il y en a un qui a parti le bal dans cette ingénierie financière, et tout le monde s'est mis à faire des saucisses semblables. Si une firme est reconnue coupable d'un délit, on ne peut pas exclure l'hypothèse que les autres l'aient imitée. Si Goldman Sachs a mis sur le marché un produit qui soulève des questions sur les conflits d'intérêt et la transparence, est-ce le seul à l'avoir fait?»

Marc Dalpé

Gestionnaire de portefeuille au Groupe Dalpé-Milette chez Valeurs mobilières Desjardins

«Dans tous les domaines, l'appât du gain fait en sorte qu'on respecte peut-être la lettre de la loi, mais peut-être pas l'esprit. C'est un débat qui fera toujours partie du paysage.»

«Que les firmes agissent comme contrepartie, ce n'est pas nouveau, et ça va toujours exister. Il arrive qu'elles aillent à l'opposé de ce qu'elles vendent, qu'elles se couvrent pour limiter les risques. Ce n'est pas illégal, et ce n'est pas contre l'éthique, dans la plupart des cas. Mais cela crée toujours des zones grises.»

Denis Durand

Associé principal chez Jarislowsky Fraser

«Il faut se demander si ce n'est pas là un message du gouvernement américain. En mettant de l'avant des accusations fortes contre Goldman Sachs, le gouvernement veut peut-être envoyer un signal à ceux qui voudraient s'opposer à la réforme financière. Il y aura sûrement d'autres révélations, mais on ne pourra pas s'en prendre à deux firmes importantes, parce qu'elles ne sont plus là! Il s'agit de Bear Stearns et Lehman Brothers. Et je suis sûr que Morgan Stanley, qui ne dit pas un mot, pourrait être considéré également.»

Vincent Delisle

Stratège chez Scotia Capitaux

«Mon rôle est de trouver une stratégie de placement payante, de me concentrer sur ce qui va influencer les marchés boursiers et les taux d'intérêt. En ce sens là, l'effet Goldman Sachs est plus un bruit qu'autre chose. Bien sûr, l'affaire aura un impact sur ce que les gouvernements vont vouloir réglementer dans le secteur financier, un impact sur Main Street qui hait Wall Street. Mais pour moi, c'est une distraction. [...] En tous les cas, je n'irais pas travailler chez Goldman Sachs à New York!»