Après avoir perdu plus d'un demi-milliard de dollars depuis cinq ans, la Société générale de financement (SGF) s'est concocté un nouveau plan de match pour les cinq prochaines années qui est présentement soumis à l'examen de son actionnaire, le gouvernement du Québec.

Ce plan quinquennal pourrait être enclenché ce printemps, dès qu'il aura reçu le feu vert du gouvernement, a indiqué la porte-parole de la SGF, Sophie Alarie.

La SGF affiche des pertes de 245 millions en 2009, la dernière année du plan de croissance précédent. Sur cinq ans, son rendement annuel moyen s'établit à -3,7%, soit bien loin de son objectif de 4 ou 5% qui représente le coût des emprunts du gouvernement pour financer ses activités.

Le prochain plan de croissance pourrait avoir des objectifs encore plus modestes qu'un rendement attendu de 4 ou 5%, a déjà indiqué la direction de l'entreprise.

En 2009, les pertes de 245 millions équivalent à un rendement négatif de 13,3%. Malgré cette piètre performance, le président et chef de la direction de la SGF, Pierre Shedleur, avait droit à une prime de 31 000$. Il y a toutefois renoncé, de même qu'à une augmentation de 11 000$ qu'il devait recevoir en 2010 sur son salaire de 344 000$.

Cette décision a été annoncée à l'Assemblée nationale par le ministre responsable de la SGF, Clément Gignac, au lendemain du dépôt du budget qui invitait les dirigeants des sociétés d'État à vocation commerciale à faire leur part pour renflouer les coffres de l'État. Ce week-end, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a précisé que les sociétés d'État à vocation commerciale, dont la SGF fait partie, ne seront pas visées par la loi qui éliminera les primes au rendement dans le secteur public.

La décision de M. Shedleur n'était pas tant une réponse à au budget d'austérité de M. Bachand que le résultat d'une réflexion qui avait commencé bien avant, a précisé la porte-parole de la SGF.

«C'est une décision liée aux résultats et au contexte économique», a-t-elle précisé.

Pour 2010 et 2011, la SGF entend répondre à l'invitation du ministre des Finances. «On a déjà commencé à regarder ce qu'on pourrait faire», a dit Sophie Alarie, en ajoutant que la SGF avait réduit ses coûts d'exploitation de 34 à 31 millions en 2009, une baisse de 9%.

Investissement en hausse

En 2009, la SGF a investi 288 millions, soit plus que son objectif annuel de 250 millions. La société d'État n'a toutefois pas eu besoin du budget supplémentaire de 250 millions mis à disposition par le gouvernement pour aider les entreprises québécoises à passer à travers la récession.

La perte enregistrée en 2009, à 245 millions, est légèrement inférieure à celle de l'exercice précédent, qui était de 261 millions. Elle est toutefois attribuable aux mêmes raisons, soit la déconfiture de ses investissements dans la pétrochimie (PTT Poly Canada), le secteur forestier et la technologie.

La SGF a aussi réduit la valeur de ses investissements dans le papier commercial non bancaire adossé à des actifs (PCAA) qui a avait pour 139 millions de ces titres viciés lors le marché a figé, en 2007.

Deux ans plus tard, après des dévaluations successives, ce placement ne vaut plus que 60 millions au bilan de la SGF, une baisse de 52%. En 2009, la SGF a inscrit une baisse de valeur de 8,6 millions sur ses PCAA.