Insatisfaite de sa taille au Québec, la Banque Toronto-Dominion (T.TD) entend continuer d'y prendre les bouchées doubles pour accroître ses parts de marché.

Ça veut dire investir encore quelques dizaines de millions de dollars au cours des prochaines années pour ajouter des succursales et des bureaux de services. Ainsi que l'embauche et la formation de plusieurs dizaines de nouveaux employés.

«Nous sommes encore largement sous-représentés dans le marché bancaire au Québec par rapport à notre position ailleurs au Canada. En fait, le Québec représente désormais notre principal potentiel de croissance interne au Canada», a indiqué le président et chef de la direction de la Banque TD, Ed Clark, au cours d'un point de presse tenu après l'assemblée annuelle des actionnaires, hier à Québec.

Du même souffle, Ed Clark a tenu a tempérer les attentes envers d'autres acquisitions de la TD aux États-Unis, dans la foulée des quelques transactions milliardaires effectuées depuis cinq ans.

La Banque TD figure désormais au sixième rang des plus grandes banques en Amérique du Nord. Tant pour le nombre de succursales - 2150 dont la moitié dans l'est des États-Unis - que pour la taille de l'actif, rendu à 557 milliards CAN.

«En particulier aux États-Unis, nous pouvons croître en ajoutant des succursales plutôt qu'en réalisant des acquisitions majeures», selon M. Clark.

La TD tenait son assemblée annuelle au Château Frontenac afin de souligner le 150e anniversaire de sa présence au Québec.

La banque d'origine torontoise veut s'afficher davantage dans la Belle Province, notamment avec des commandites de prestige comme le Festival de jazz de Montréal et des expositions muséales.

Entre-temps, de l'avis même de ses dirigeants, et en dépit de ses 150 ans d'histoire, l'empreinte commerciale de la TD au Québec demeure relativement limitée face à ses concurrentes.

Selon son président, cette empreinte se résume à 6% des parts de marché des services bancaires au Québec, un pourcentage très inférieur aux 22% détenus ailleurs au Canada.

Par conséquent, «il y a beaucoup de potentiel d'affaires encore intouché pour la Banque TD dans le marché québécois», a constaté M. Clark.

Il a rappelé que la précédente poussée de croissance de la Banque TD au Québec avait suivi son achat de Canada Trust, conclu en 2002. Le réseau de succursales est passé depuis de 80 à 104.

Pour la suite de ses ambitions, la Banque TD prévoit l'ajout d'une autre vingtaine de succursales à moyen terme. Surtout dans la grande région de Montréal, mais aussi dans les principales villes en province.

«Ça peut être difficile de ravir des parts du marché bancaire au Québec, parce qu'on y retrouve des institutions financières d'origine québécoise qui sont bien implantées, a indiqué M. Clark. Néanmoins, pourquoi ne pourrions-nous pas y parvenir? D'autant plus que notre présence réelle au Québec, avec un peu plus de 4000 employés, demeure sous-estimée.»

C'est d'ailleurs à l'un des rares Québécois à la haute direction de la banque torontoise, Bernard Dorval, président de la filiale TD Canada Trust de services aux particuliers, qu'a été confiée la responsabilité de faire progresser le chiffre d'affaires au Québec.

En entrevue avec La Presse Affaires, hier à Québec, M. Dorval a confié que cette expansion allait «aussi vite qu'on peut se le permettre» en terme de recrutement et de formation de personnel.

«La qualité du service à la clientèle, qui comprend des heures d'ouverture allongées en succursales, est un élément-clé qui nous distingue au Canada anglais et aux États-Unis. Nous maintenons les mêmes principes au Québec parce que nous savons que les Québécois recherchent ce genre de services bancaires», a expliqué M. Dorval.

«D'ailleurs, c'est au Québec que, parmi tous nos marchés régionaux au Canada et aux États-Unis, nous mesurons maintenant le plus grand écart de satisfaction des clients en notre faveur face à nos principaux concurrents.»