L'ex-vice-président de GE Capital qui a été congédié, Carlo Fargnoli, affirme qu'il n'a rien à se reprocher dans cette affaire. Toutes ses décisions étaient connues et approuvées par l'entreprise, dit-il.

Joint par La Presse Affaires, le gestionnaire a répondu longuement à nos questions. L'homme dans la cinquantaine travaille depuis 28 ans dans le secteur financier, ayant notamment été aux services de la Banque Royale et de BNP Paribas. Chez GE, il s'occupait des dossiers en difficulté à titre de VP restructuration.

Durant ses sept années chez GE, dit-il, un seul des 30 dossiers sous sa responsabilité a causé des pertes à l'entreprise et c'est celui d'Atlas/D.P. Excavations (voir article ci-haut). Pour M. Fargnoli, la série d'événements troublants entourant ce dossier est un «malheureux concours de circonstances» dont il ne pouvait se douter au moment d'accorder les prêts.

Dans le cas de l'entreprise Atlas, dont la perte de contrôle des dirigeants aux mains de tiers inconnus a mené au suicide du PDG Joe Iacovelli, Carlo Fargnoli a dit qu'il ignorait les dessous de cette affaire. Il soutient qu'en décembre 2007, son analyse de rentabilité permettait d'avancer les 5 millions. «Malheureusement, Joe Iacovelli ne nous avait pas tout dit», explique M. Fargnoli.

Après le décès, «on a essayé de combiner deux entreprises ensemble (Atlas et D.P.) pour sauver les prêts et les emplois, mais ça n'a pas fonctionné. Peut-être a-t-on essayé trop fort dans ce cas, peut-être n'aurait-on pas dû. Mais en moyenne, je suis fier de ce qu'on a réussi à faire en sept ans», dit-il.

Quant à la perte de 14 millions, Carlo Fargnoli estime qu'elle ne représente pas la réalité. Il rappelle qu'elle inclut les intérêts et les honoraires professionnels. Qui plus est, il juge que les équipements ont été vendus rapidement dans un contexte de liquidation, ce qui explique qu'ils aient rapporté moins que prévu. Globalement, il prévoyait des pertes réelles maximales de 4 millions dans ce dossier.

Pas de fonds détournés, dit-il

Carlo Fargnoli se défend aussi d'avoir mal agi dans la façon de restructurer les entreprises par l'entremise de JK Auction et de son jeune dirigeant Jonathan Kruk.

GE Capital soupçonne un détournement de fonds d'un million de dollars vers JK, mais M. Fargnoli affirme qu'il s'agit plutôt de compensations pour la participation de JK à des refinancements d'entreprises. «Moi, je n'ai jamais touché à des fonds. Et tout le monde au-dessus de moi était au courant de ça. C'était très transparent», dit-il.

JK touchait les fonds versés, dit-il. Jonathan Kruk était une connaissance, mais il ne veut pas nous donner de détails à ce sujet pour le moment.

Essentiellement, ces compensations visaient à rémunérer JK pour son rôle joué dans un transfert d'actifs liés à diverses restructurations. La mécanique juridique et financière de ces transferts d'actifs à un tiers «avait pour but d'améliorer la position de l'entreprise (en difficulté), de la sauvegarder et de faire faire des profits à GE».

Il ne veut pas entrer dans la mécanique légale de chaque dossier. Plusieurs autres dossiers au Canada ont été restructurés de façon semblable, avec un autre tiers que JK, dit-il. «Des avocats de l'industrie savaient ce qu'on faisait et nous approuvaient» dit-il.

Carlo Fargnoli dit n'avoir jamais été impliqué de quelque façon avec le crime organisé. «Ce ne sont pas tous les Italiens qui sont dans la construction et dans la pègre, franchement», dit-il.

Par ailleurs, nos tentatives pour joindre Jonathan Kruk ont été vaines. Quant à GE Capital, les responsables n'ont pas offert de commentaires.