Lentement mais sûrement? Un marché renaît petit à petit pour les papiers commerciaux non bancaires, les PCAA, un an après la conclusion de leur imposant plan de restructuration.

D'infâme réputation, ces PCAA constituaient une masse de 32 milliards de dollars de titres de dette dont le marché avait gelé à l'été 2007, dès les premières secousses de la crise du crédit qui s'avéra la pire en un demi-siècle.

La débâcle financière des PCAA non bancaires avait forcé les principaux intervenants de ce marché, dont la Caisse de dépôt et placement et la Banque Nationale, à lancer un vaste plan de sauvetage.

Le but: endiguer l'anéantissement de valeur des PCAA non-bancaires en ressuscitant leur marché de titres de dette négociables.

Le moyen: convertir ces titres vendus comme placements à très court terme, pour gérer des liquidités, en nouveaux titres de dette négociables avec une échéance allongée sur plusieurs années.

Un an après la conclusion de cette restructuration, le marché des PCAA convertis en «billets VAC» (véhicules d'actifs-cadre) redonne des signes de vie.

«Quelques centaines de millions ont été négociés depuis quelques semaines. Il s'agit surtout d'achats par des fonds spéculatifs et des banques américaines», a commenté un financier montréalais, qui a requis l'anonymat.

Selon l'agence Bloomberg, des entreprises canadiennes du secteur des ressources et des technologies auraient été les vendeurs les plus fréquents de billets VAC. Les prix de transaction demeurent toutefois déprimés, oscillant de 59 à 62 cents par dollar de valeur nominale.

«Il y a encore un escompte très important dans ce marché qui renaît. Mais c'est moins grave que les minimes 20 cents par dollar que certains acheteurs spéculatifs offraient il y a un an, à la fin de la restructuration», a souligné le financier montréalais.

Chez certaines entreprises qui ont encore pour des dizaines de millions en PCAA non bancaires à leur bilan, on confirme des requêtes de la part d'acheteurs spécialisés.

«Nous avons reçu des offres pour nos billets VAC de meilleure qualité, mais à des prix encore trop bas pour nous. Ce n'est pas l'effervescence, mais il y a un marché qui démarre», commente Michel Lemay, vice-président chez Transat A.T.

Le voyagiste affichait encore pour 71 millions de «placements en PCAA» à ses derniers états financiers, en dépréciation de 44% depuis deux ans.

Commentaire semblable chez le détaillant Jean Coutu (PJC), qui avait pour 32 millions en valeur nominale de PCAA à ses derniers états financiers.

«En dépit de la renaissance de ce marché, nous avons encore l'intention de conserver ces titres jusqu'à leur maturité grâce à notre entente avec la Banque Nationale», indique la porte-parole de PJC, Hélène Bisson.

Quant au plus gros détenteur connu des PCAA non-bancaires, la Caisse de dépôt et placement, on préfère encore la discrétion sur l'état de ce portefeuille de près de 13 milliards, en valeur nominale.

«Il faudra attendre nos résultats annuels d'ici les prochaines semaines», a dit le porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon.

Lors d'une récente tournée médiatique, le PDG de la Caisse, Michael Sabia, et son principal adjoint aux placements, Richard Lescure, avaient dit s'attendre à une reprise encore très lente du marché des anciens PCAA non-bancaires.

À la Banque Nationale, qui fut à l'époque un important revendeur de ces titres, on indique être «au courant d'activités isolées liées à des transactions sur ces titres, mais nous n'y sommes pas impliqués.»

Rappelons que la Banque Nationale a écopé en décembre dernier de la plus forte amende - 75 millions - imposée par les autorités boursières aux distributeurs des PCAA non bancaires.

On leur reproche entre autres d'avoir mal informé leurs clients des risques de ces titres face au marché des prêts hypothécaires à risque (subprimes) aux États-Unis.