Le président américain Barack Obama a annoncé jeudi des mesures pour limiter la taille et le domaine d'activité des institutions financières américaines afin d'encadrer la prise de risques et les excès de ce secteur, une annonce qui a immédiatement fait plonger la Bourse de New York.

Ce plan, qui s'ajoute à de précédentes initiatives de la Maison Blanche pour mettre une bride à Wall Street, doit encore recevoir l'onction du Congrès.

S'il est entériné, il forcerait les banques à choisir la nature de leur activité, les empêchant entre autres d'utiliser les liquidités de leurs clients pour acheter certains instruments financiers, notamment liés au marché immobilier.

«Bien que le système financier soit bien plus sain aujourd'hui qu'il n'était il y a un an, il fonctionne exactement selon les mêmes règles qui l'ont mené au bord de l'effondrement», a déclaré le président américain.

«Ma détermination de réformer le système n'est que plus forte quand je vois le retour aux vieilles méthodes», a-t-il ajouté, estimant que «c'est exactement ce genre d'irresponsabilité qui rend cette réforme nécessaire».

Forcer les banques à séparer leurs activités reviendrait à réinstaurer des règles mises en place après la Grande Dépression des années 1930, mais qui avaient été progressivement effacées de l'arsenal législatif américain par des années de dérégulation financière.

La Bourse de New York a immédiatement réagi à cette annonce en accentuant ses pertes enregistrées depuis le début de la journée: le Dow Jones perdait 1,78% et le Nasdaq 1,05% vers 11h55.

Le souhait exprimé jeudi par M. Obama, flanqué du vice-président Joe Biden, de son équipe de conseillers économiques et de deux éminents élus démocrates du Congrès chargés des affaires économiques, le sénateur Christopher Dodd et le représentant Barney Frank, est le dernier épisode en date de son offensive contre les grandes banques, qu'il accuse d'avoir mis l'économie américaine à genoux avec leurs pratiques à risque.

Le président avait déjà annoncé le 14 janvier un projet de taxation d'une cinquantaine de grandes banques, destiné à permettre de récupérer les fonds publics dépensés dans le cadre du plan de stabilisation du système financier.

Cette «taxe sur la responsabilité de la crise financière», censée s'appliquer pendant dix ans ou aussi longtemps que nécessaire pour un remboursement intégral de l'argent public engagé, doit permettre de récupérer jusqu'à 117 milliards de dollars, somme qui correspond au montant maximal des pertes envisagées par le Trésor sur le plan de sauvetage.

Le président s'en était pris en décembre aux «banquiers gras de Wall Street» et fait face au mécontentement d'une majorité de ses compatriotes sur son bilan économique un an après sa prise de fonction, facteur qui pourrait avoir joué un rôle dans la perte mardi par les démocrates de leur majorité qualifiée au Sénat lors d'une élection partielle au Massachusetts.