Le projet de taxe spéciale sur les grandes entreprises financières énoncé par l'administration Obama aux États-Unis pourrait affecter les banques canadiennes qui ont des filiales d'envergure au sud de la frontière.

Et ce, qu'elles aient ou non reçu des fonds fédéraux américains de soutien au secteur financier, le programme «TARP», mis de l'avant lors de la grave crise financière de l'automne 2008.

C'est ce qui ressort des premiers éléments de la «taxe financière» divulguée hier à Washington, qui vise à recueillir plus de 115 milliards US d'ici 12 ans.

Entre autres, cette taxe financière cible les entreprises ayant plus de 50 milliards US d'actifs. D'emblée, hier, les conseillers économiques de la Maison-Blanche indiquaient qu'on devrait y retrouver au moins 35 entreprises américaines et une quinzaine de filiales aux États-Unis de groupes financiers étrangers.

Or, selon leurs plus récents états financiers, au moins trois banques canadiennes ont des filiales aux États-Unis qui cumulent chacune plus de 100 milliards en actifs.

«Il est possible que ces filiales américaines soient assujetties à la nouvelle taxe financière, si celle-ci est implantée tel que souhaité par l'administration Obama», a commenté l'analyste Brad Smith, de CI Capital, dans une note distribuée hier parmi ses clients-investisseurs.

Parmi les banques canadiennes touchées par la nouvelle taxe américaine, on pourrait retrouver la Banque Royale, qui déclare 144 milliards d'actifs aux États-Unis. Ces actifs concentrés dans les États du «Mid-Atlantic» représentent 20% de l'actif total de la Royale.

La taxe américaine pourrait aussi toucher la Banque de Montréal. Son actif américain de 142 milliards, centré dans la grande région de Chicago et du Midwest, représente près du tiers de son actif total.

Enfin, à la Banque Toronto-Dominion, l'actif américain de 127 milliards, soit 22% de son actif total, repose sur son réseau d'un millier de succursales dans les États du Nord-Est.

Quant à l'impact d'une éventuelle taxe financière aux États-Unis sur les résultats de ces banques canadiennes, le pronostic demeure très imprécis.

Ce que l'on peut déjà considérer, cependant, c'est que la Banque Royale a tiré 26% de ses revenus totaux en 2009 de ses actifs aux États-Unis.

Ces activités américaines furent toutefois lourdement déficitaires, à hauteur de 1,1 milliard, avec l'impact de la crise financière et de la récession aux États-Unis.

À la Banque de Montréal, les actifs américains furent aussi déficitaires en 2009, à hauteur de 111 millions, pour la troisième année consécutive.

N'empêche, ces actifs aux États-Unis représentent maintenant le quart des revenus totaux de la Banque de Montréal.

Enfin, à la Banque Toronto-Dominion, les activités aux États-Unis ont contribué pour 22% des revenus totaux lors du plus récent exercice financier.

Elles ont aussi contribué pour 19% de bénéfice net de la banque en 2009.