Malgré des résultats mitigés à son plus récent trimestre, qui ont plombé ses actions en Bourse hier, la Banque Nationale (T.NA) entend garder le cap du plan d'investissement en succursales qu'elle a entamé l'an dernier.

Après l'embauche et la formation de centaines de nouveaux conseillers depuis un an, la Nationale débute même une phase accélérée de modernisation dans son réseau de points de service.

Au moins 120 succursales seront remaniées d'ici deux ans, ce qui représente une cadence annuelle deux fois plus forte que celle de son récent exercice 2009, a-t-on précisé à La Presse Affaires, hier, en marge de l'annonce des résultats financiers.

En trois ans, la Nationale prévoit rafraîchir ainsi le tiers de son réseau de 445 succursales situées au Québec surtout, mais aussi dans le sud de l'Ontario.

Ce programme sera aussi accompagné d'une refonte des divers systèmes informatiques dans les points de service de la Nationale, afin d'en renforcer la cohésion et l'efficacité.

Combien coûtera tout cet effort baptisé «Un client, une banque» ?

Pour le moment, les dirigeants de la Nationale préfèrent la discrétion, sous prétexte qu'il s'agit d'informations d'affaires dites «concurrentielles».

Parmi ses actionnaires, cependant, avec les résultats de fin d'exercice 2009 divulgués hier, on espère de plus en plus qu'une meilleure performance des services au détail sera effectivement au rendez-vous.

Déjà qu'à son plus récent trimestre, n'eût été la forte résurgence de ses activités boursières, la Nationale aurait déclaré un bénéfice trimestriel très inférieur à celui annoncé hier.

À 241 millions, ce bénéfice trimestriel était à première vue trois fois supérieur à celui de la même période il y a un an, alors au pire de la crise financière.

Mais cette progression fut entièrement attribuable au regain boursier et à la réduction des frais spéciaux liés au krach financier ainsi qu'à la sortie de crise des papiers commerciaux (PCAA).

En contrepartie, la rentabilité des activités au détail de la Nationale s'est atrophiée depuis un an: moins 42% pour les activités de gestion du patrimoine et moins 8% pour les services bancaires aux particuliers et aux entreprises.

«La Nationale est la seule banque qui ait raté l'estimé consensuel parmi les analystes. Ses dépenses d'exploitation en particulier se sont avérées plus élevées que prévu au quatrième trimestre», a résumé John Aiken, analyste des banques canadiennes chez Barclays Capital.

À hauteur de 1,40$ de bénéfice par action, avant les éléments spéciaux, le résultat net du quatrième trimestre de la Nationale s'est avéré inférieur de 5% environ à la moyenne des estimations d'analystes.

Conséquence immédiate: les actions de la Nationale ont subi en Bourse hier leur pire rebuffade (moins 6%) en une seule séance depuis le rebond boursier de mars dernier.

Ce brusque recul de 3,78$ par action à 60,84$ représente une ponction de 600 millions à la valeur boursière de la Banque Nationale.

Il s'agit d'un gros frisson pour ses actionnaires, après le doublement de valeur de leurs titres depuis le début de l'année.

Lors de sa présentation aux analystes, le président de la Banque Nationale, Louis Vachon, a tenté de se faire rassurant pour les prochains résultats.

«Nous anticipons de meilleures conditions économiques en 2010 et ensuite, mais avec un rythme de relance plus faible que lors des récessions précédentes. Dans ce contexte, notre stratégie d'amélioration de productivité et de qualité de nos services est tout à fait appropriée afin d'accroître nos revenus et notre clientèle», a-t-il expliqué.

Entre-temps, les résultats annuels de la Banque Nationale, eux, se sont avérés plus conformes aux plus récentes estimations des analystes.

Tel qu'attendu, le bénéfice net avant éléments spéciaux a franchi la barre du milliard de dollars, une première pour la principale banque sous contrôle québécois.

Quant à ces éléments spéciaux, à hauteur de 207 millions, il s'agissait des frais résiduels de sortie de crise des PCAA qui furent inscrits en début d'exercice 2009.

Au quatrième trimestre, ces frais furent d'à peine 2 millions, un montant 37 fois moins élevé qu'à pareille date un an plus tôt!

 

BANQUE NATIONALE

4e TRIMESTRE (var. un an) /EXERCICE 2009 (var. un an)

Revenu total 1,09 milliard ("43%) /4,13 milliards ("14%)

Bénéfice net avant éléments spéciaux 243 millions ("7%) /1,06 milliard ("12%)

Bénéfice net 241 millions ("244%)/ 854 millions ("10%)

Bénéfice net par action (dilué) 1,39$ ("275%) /4,94$ ("5,8%)

Rendement des capitaux propres 16,7% ("11,7 points)/ 15,6% (" 0,8 point)

Provisions pour pertes sur prêts 54 millions ("10%)/ 305 millions ("110%)

Source : Banque Nationale, Bloomberg