Le PDG de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs a estimé mardi que le niveau de rémunération élevé de ses employés, qui touchent en moyenne quelque 200 000 dollars par an, correspondait à leur performance de travail.

«Nous croyons au principe de la rémunération pour la performance», a insisté Lloyd Blankfein au cours d'une conférence sur les services bancaires et financiers organisée à New York par Bank of America et Merrill Lynch.

La présentation accompagnant l'allocution de M. Blankfein soulignait que les employés de Goldman gagnaient en moyenne 196 004 dollars par an entre 2000 et 2008 contre 79 962 dollars en moyenne chez ses concurrents (notamment JPMorgan, Merrill Lynch, aujourd'hui une division de Bank of America, et Morgan Stanley).

Le patron de Goldman Sachs a aussi souligné que les rémunérations dans la banque qu'il dirige représentaient 46,7% du chiffre d'affaires en moyenne entre 2000 et 2008 contre 52,1% chez ses concurrents, alors que le bénéfice par action a progressé de 13,5% en moyenne par an chez Goldman contre 5,9% seulement chez les autres banques d'affaires.

Le niveau de rémunération des employés de son groupe fait scandale depuis plusieurs mois aux États-Unis où le chômage ne cesse de grimper, sachant que la firme a dû bénéficier au plus fort de la crise de 10 milliards de dollars d'aides gouvernementales, aujourd'hui remboursées.

Fin juillet, le ministre de la Justice de l'État de New York avait notamment publié un rapport révélant que les grandes banques américaines avaient versé en 2008 des primes sans rapport avec leurs résultats financiers.

Interrogé sur les réformes de la régulation financière en cours, M. Blankfein a répondu que «pour la plupart, elles étaient en conflit» avec la vision des choses de Goldman Sachs.

Mais «lier davantage les rémunérations à la performance est quelque chose que (Goldman) soutient», a-t-il ajouté.

M. Blankfein a par ailleurs affirmé que Goldman Sachs «avait instauré une culture prudente de la gestion du risque», alors que la Réserve fédérale américaine a appelé il y a quelques semaines les banques à revoir leur système de rémunération pour moins encourager les prises de risque.

«Nos activités ne sont pas fondées sur l'endettement autant qu'on le pense», a-t-il ajouté, alors que la crise financière mondiale la plus grave depuis 1929 a débuté par une crise du crédit et de l'endettement.

Goldman Sachs, l'une des dernières des grandes banques d'affaires américaines encore debout après la crise, a presque quadruplé son bénéfice net sur un an au troisième trimestre à 3,188 milliards de dollars. Les rémunérations qu'elle a versées à ses employés pendant la même période ont atteint 5,35 milliards de dollars.