Malgré les dénigrements, Maples Finance poursuit son expansion et ouvre un bureau à Montréal.

L'entreprise se positionne comme un administrateur indépendant de fonds pour les grands clients institutionnels. Maples ne gère pas l'argent des clients, comme c'est le cas des gestionnaires de fonds, mais offre des services de soutien administratif (envoi des relevés mensuels, gestion des ordres d'achat et de vente, etc.).

Maples Finance est cette firme des îles Caïmans, un paradis fiscal, dont la société mère a fait l'objet de remarques acerbes de la part du président américain, Barack Obama, le printemps dernier. M. Obama s'interrogeait sur les milliers d'entreprises américaines qui ont une adresse dans les locaux du cabinet d'avocats Maples and Calder, des îles Caïmans. «C'est soit le plus grand immeuble au monde, soit la plus grande arnaque fiscale», avait déclaré M. Obama.

 

Les dirigeants de Maples ont tenu à rencontrer La Presse Affaires, hier, pour expliquer la nature de leur travail. Le bureau montréalais ouvrira lundi et comptera 11 employés, avec pour objectif de faire grimper ce chiffre à une cinquantaine. Les employés sont des comptables ou des experts en technologie de l'information.

Essentiellement, Maples s'occupe du soutien administratif que leur offrent en sous-traitance les grands gestionnaires de fonds. Les gestionnaires les paient selon un pourcentage des fonds administrés (moins de 1%). En retour, les clients qui confient leur argent aux gestionnaires de fonds bénéficient d'une évaluation indépendante de leurs placements, explique Maxine Rawlins, chef de la direction de Maples.

Maples a comme concurrent des filiales d'entreprises en Bourse comme StateStreet et Goldman Sachs, par exemple, mais ses états financiers ne sont pas publics. Le bureau de Montréal servira la clientèle nord-américaine pour l'administration de fonds.

Globalement, Maples a 30,5 milliards de dollars US de fonds sous administration. L'entreprise compte 163 employés répartis dans sept régions, à part Montréal, soit les îles Vierges britanniques, les îles Caïmans, Dublin (Irlande), Dubaï, Hong-Kong, Jersey et le Luxembourg.

Ces régions sont reconnues comme ayant de faibles taux d'imposition. À Montréal, de fait, Maples bénéficiera des avantages fiscaux offerts dans le cadre du programme provincial des centres financiers internationaux (CFI). Essentiellement, au Québec, elle ne paiera que 3% d'impôts sur ses profits (plutôt que 11,9%) et ses employés bénéficieront de généreuses exemptions fiscales.

L'organisme CFI-Montréal se consacre au développement de Montréal comme place financière, avec l'aide des avantages fiscaux du gouvernement du Québec. Quelque 115 entreprises bénéficient des avantages du CFI.

En juin, l'annonce de la venue de Maples avait soulevé l'ire des partis de l'opposition au Québec, qui considéraient qu'elle était un véhicule permettant l'évasion fiscale. On visait plus spécifiquement la division de l'entreprise qui s'occupe du financement structuré.

En entrevue, la PDG Maxine Rawlins et le directeur Scott Somerville, expliquent que ce n'est pas le cas. Maples est situé dans un régime fiscal dit neutre comme les îles Caïmans parce que les investisseurs viennent de partout dans le monde, disent-ils. Ces investisseurs paient chacun leurs impôts dans leurs pays d'origine.

Par exemple, un promoteur d'Angleterre peut vouloir recueillir des fonds d'investisseurs allemands et américains pour investir au Japon. Comme les régimes d'imposition sont nombreux, on utilise un centre fiscalement neutre comme les îles Caïmans pour structurer le financement, disent-ils. Le financement en est simplifié et en bout de course, les investisseurs acquittent leurs impôts dans leur pays d'origine. Les îles Caïmans ne sont d'ailleurs pas sur la liste noire des paradis fiscaux de l'OCDE, répète M. Somerville.

Joint au téléphone, le vice-président de CFI-Montréal, Steve Gauthier, dénonce les critiques envers Maples, notamment celles de Barack Obama. «C'est de la confusion. Tous les bureaux d'avocats à Montréal peuvent vous expliquer comment optimiser fiscalement un investissement. La Caisse de dépôt aussi a des investissements au Luxembourg car le gain en capital n'existe pas. Il n'y a rien d'illégal, elle gère intelligemment notre argent», dit-il.

Maples a choisi Montréal surtout pour son abondance de main-d'oeuvre qualifiée en finance et en informatique. En comparaison, c'est la pénurie à Toronto et Halifax, soutient M. Gauthier.