Valeurs mobilières Desjardins (VMD) tente d'empêcher une ex-employée qui gérait des actifs de 57 millions de dollars d'emmener ses clients chez son nouvel employeur, RBC Dominion valeurs mobilières.

Dans une requête déposée en Cour supérieure du Québec, le 10 septembre dernier, VMD veut «arrêter et empêcher la sollicitation des clients» par la conseillère en placements Caroline Lambert et son assistante, Geneviève Casavant.

Selon le document, toutes deux ont démissionné de la succursale VMD de Brossard «sans aucun préavis» le vendredi 4 septembre 2009. Ce jour-là, elles ont remis leurs lettres de démission vers 16h à Jean-Luc Beaudoin, le directeur de la succursale, et lui ont indiqué qu'elles quittaient VMD pour se joindre à une succursale montréalaise de RBC.

En privé, Mme Lambert a aussi indiqué à M. Beaudoin qu'elle recevrait de RBC un boni de 300 000$ à la signature et que son nouvel employeur comptait ouvrir une succursale dans le quartier Dix30 à Brossard.

Mme Lambert gérait chez VMD des actifs de 57 millions de dollars, dont près de 46 millions provenaient de clients envoyés par le Mouvement Desjardins.

VMD soutient donc que 80% des actifs sous la responsabilité de Mme Lambert provenaient de clients qui lui avaient été envoyés, et non qu'elle avait recrutés elle-même.

Le soir du 4 septembre, toujours selon la requête, M. Beaudoin a décidé d'aviser ces clients du départ de Mme Lambert. C'est en vérifiant dans le logiciel de gestion des comptes clients qu'il a réalisé que les dossiers «avaient tous été dérobés de leurs informations pertinentes, dont la Caisse Desjardins de référence».

VMD soutient dans sa requête que le fait que ces données aient été effacées du logiciel a «empêché, ou à tout le moins, ralenti» M. Beaudoin et ses collègues dans leurs démarches pour joindre les personnes-ressources responsables des dossiers des clients de VMD.

Au début de la semaine suivante, des directeurs de caisse ont confirmé à la succursale VMD de Brossard que Mme Lambert et Mme Casavant avaient joint, entre le 4 et le 7 septembre, plusieurs clients pour les inviter à les suivre à RBC.

Par exemple, dès le 9 septembre, des quelque 80 clients envoyés par la Caisse Desjardins Atwater Centre, 64 avaient confirmé avoir été sollicités par l'une ou l'autre des deux défenderesses.

Certains clients disent avoir été joints par courriel et d'autres avoir déjà pris rendez-vous avec Mme Lambert dans les prochaines semaines. Toujours «afin de les convaincre de quitter VMD et de la suivre chez RBC», selon le document remis en cour.

La requête précise que ces agissements violent le contrat qui liait Mme Lambert à VMD. Ce contrat, daté du 4 décembre 2000, précise qu'un employé qui quitte VMD ne peut «solliciter de façon directe ou indirecte de quelque manière que ce soit» des clients qui lui ont été envoyés par le Mouvement Desjardins.

La juge Sylviane Borenstein a prononcé le 11 septembre dernier une injonction provisoire d'une durée de 10 jours pour empêcher la sollicitation des clients provenant des Caisses Desjardins.

Selon André Chapleau, principal porte-parole du Mouvement Desjardins, les avocats de VMD seront en cour aujourd'hui pour demander que les effets de l'ordonnance provisoire soient prolongés jusqu'à ce qu'il y ait enquête.

«Nous voyons ce genre de situation régulièrement lorsque des conseillers en placements changent d'employeur. C'est presque une routine dans le milieu», conclut-il.