À quelques jours du G20, les appels au durcissement de la régulation financière se multiplient, notamment sur la question des bonus, gouvernements et régulateurs appelant à des mesures concrètes pour mettre fin aux excès d'un système.

Début septembre, le G20 Finances de Londres a déjà permis de dégager un consensus sur plusieurs propositions relatives aux bonus, principalement le versement différé, avec une partie importante en titres, la restriction des bonus garantis et la possibilité de reprise en cas de mauvais résultats les années suivantes (aussi appelé «malus»).

Mais à mesure que l'échéance se rapproche, les partisans d'une limitation des bonus, jadis nettement minoritaires, gagnent du terrain.

Le terme est ainsi repris par l'Union européenne dans un projet de document qui sera soumis aux chefs d'État et de gouvernement européens jeudi soir lors d'une réunion préparatoire au G20 et dont l'AFP a eu copie.

Il s'agit pour l'UE de limiter les rémunérations variables par rapport au salaires fixes ou par rapport aux revenus ou bénéfices des établissements financiers, selon le document encore susceptible d'être modifié.

Mardi, Mario Draghi, président du Conseil de stabilité financière (CSF) dont les recommandations doivent servir de base aux travaux sur le secteur financier du G20 de Pittsburgh, a repris la piste de «liens entre le total des bonus et la performance globale de l'établissement».

Une manière de prendre de biais les États-Unis, qui ne cessent de clamer leur opposition au plafonnement des bonus, à l'image du président américain Barack Obama lundi.

«Nous sommes dans un pays où, de manière générale, on ne dit pas: vous ne pouvez pas payer les gens à un niveau, quel qu'il soit», à partir du moment où dans le privé le «marché» dit qu'il est prêt à l'accepter, a-t-il dit.

L'Europe s'inquiète également de l'application des mesures qui pourraient être prise à Pittsburgh.

Le président Nicolas Sarkozy a réclamé mardi, en son nom mais aussi en celui du Premier ministre Gordon Brown, des décisions «concrètes» et «précises», ainsi qu'un échéancier et des objectifs chiffrés.

Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a même laissé entendre dimanche que Nicolas Sarkozy pourrait quitter prématurément le sommet de Pittsburgh en cas d'impasse.

L'Union européenne devrait également appeler les pays du G20 à prévoir des «sanctions au niveau national» en cas de non respect des nouvelles règles d'encadrement des bonus.

Les régulateurs français et britannique ont déjà annoncé que des amendes ou des injonctions au renforcement des fonds propres pourraient être infligées aux banques contrevenantes.

«Le G20 est la dernière occasion pour avancer sur des sujets comme les paradis fiscaux ou les rémunérations, pour lesquels on craint de passer à côté», estime Gunther Capelle-Blancard, professeur d'économie à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne.

«Il faut profiter de cette rare fenêtre de tir, car ces sujets demandent une volonté politique et une coordination internationale», ajoute-t-il.

«Aux États-Unis, le sujet d'attention est désormais la santé et beaucoup de membres du Congrès qui étaient impliqués dans les travaux de réforme du système financier s'en éloignent», renchérit Rick Bookstaber, spécialiste des risques et ancien trader qui a récemment été entendu par le Congrès américain.

Pour lui, «si nous attendons plus longtemps, les gens seront prêts à laisser le système tel qu'il est» aux États-Unis.