Les ministres des Finances et banquiers centraux du G20 seront ce week-end à Londres au chevet d'une économie mondiale au mieux convalescente, pour évaluer les moyens de prévenir une nouvelle crise, avec les bonus des banquiers en ligne de mire.

La réunion, ce soir et demain, prépare le sommet des chefs d'État du G20 à Pittsburgh, aux États-Unis, les 24 et 25 septembre.

La question des bonus devrait être au centre des débats, ces rémunérations sensationnelles pouvant être une cause du dérapage des banques vers la bulle du crédit qui a explosé mi-2007.

La France, active à domicile, s'est démenée pour rallier l'ensemble de l'Union européenne (UE) à son combat, parvenant à ce que le premier ministre britannique Gordon Brown signe avec le président Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, hier, une lettre réclamant des «règles obligatoires» sur les rémunérations dans les pays du G20, assorties de sanctions le cas échéant.

Les trois dirigeants veulent notamment «examiner les moyens de limiter le montant des rémunérations variables (bonus) dans les banques», en proportion des rémunérations totales ou des bénéfices. M. Brown, encore réticent mardi à demander une limitation des bonus, «difficile» selon lui dans un environnement international, semble donc avoir trouvé un compromis avec ses voisins.

Les poids lourds de l'UE devront batailler cependant contre l'inertie des États-Unis, pour qui les bonus sont «un non-sujet», selon ce que déplore un officiel européen. La ministre des Finances française Christine Lagarde a résumé: «Il faudra dérouler le rouleau compresseur européen (...) pour convaincre nos amis américains.»

Quel que soit le résultat de la réunion, les bonus des banquiers n'ont jamais été autant sur la sellette. Le propre président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet, a considéré que «les rémunérations excessives n'avaient aucune légitimité». Celui de la Financial Services Authority (FSA) britannique, Adair Turner, a même suggéré une taxe pour les limiter.

Poursuivre les efforts

La réunion survient alors que l'économie mondiale semble se rétablir. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a signalé hier la quasi-fin de la récession en zone euro (voir autre texte). La France et l'Allemagne, mais aussi le Japon, sont sortis du rouge au deuxième trimestre, et l'économie américaine s'améliore.

Alors que d'exceptionnelles mesures de soutien aux banques et aux économies ont été prises depuis un an, engendrant des déficits énormes, le G20 Finances devrait ainsi évoquer la nécessité de coordonner les «stratégies de sortie» de la crise.

Mais dans un entretien au quotidien The Independent, le ministre britannique Alistair Darling a mis en garde hier contre tout arrêt prématuré des mesures de relance, pour ne pas contrecarrer une reprise «durable» de l'économie.

M. Trichet a noté que «beaucoup de travail restait à faire». «La pire attitude», selon lui, serait de revenir trop vite à «business as usual».»Ce serait une erreur totale», a-t-il bien prévenu.

Outre les bonus, les paradis fiscaux, autre thème cher à la France, seront au menu du G20 Finances. Les grands pays européens veulent des sanctions dès mars 2010 contre les pays en infraction. Mais les Américains considèrent pour leur part la question déjà réglée par la déclaration du G20 du 2 avril à Londres.

Le débat portera aussi sur les normes comptables ou sur les fonds propres des banques.

Mais Américains et pays émergents s'intéressent plutôt à la réforme du Fonds monétaire international (FMI). Ils demandent une meilleure représentation des émergents, l'UE craignant que ce soit à ses dépens.