Le vif rebond des marchés boursiers compense l'impact de la récession à la Banque Nationale (t.na) .

Même que le tonus de ses activités boursières a permis à la principale banque québécoise de dégager un profit record à son troisième trimestre.

Ce bénéfice net a atteint 303 millions de dollars au trimestre terminé le 31 juillet, 6% de plus qu'à pareille date l'an dernier.

 

Le chiffre d'affaires de la Nationale a aussi crû de 7% au troisième trimestre, sur une base annualisée.

Ce gain reflète le rebond des activités boursières mais aussi la relative résilience à la récession de son marché principal : le Québec.

«Malgré la récession, notre portefeuille de prêts (actif primordial de la banque) n'a pas subi de détérioration significative «, a vanté Louis Vachon, président et chef de la direction de la Nationale, lors de la téléconférence avec les analystes.

D'ailleurs, les résultats de la banque ont amplement éclipsé les attentes des analystes. Ils anticipaient une baisse de 20% du bénéfice par action, autour de 1,37$. La Nationale a fait bien mieux avec un bénéfice par action de 1,78$.

« Ces résultats sont impressionnants dans les circonstances «, a admis John Aiken, analyste bancaire et vice-président chez Dundee Securities, à Toronto.

Quant à sa provision de pertes sur prêts, un important élément comptable des banques en période de récession, la Nationale a aussi fait mieux que s'y attendaient les analystes.

La banque a décidé de s'en tenir à une provision de 46 millions au troisième trimestre. C'est 27% de plus qu'il y a un an, et 5 millions de plus qu'au deuxième trimestre précédent.

Toutefois, cette provision est inférieure d'au moins 10 millions aux prévisions d'analystes.

«La Nationale a le risque de prêts le moins élevé parmi les six principales banques canadiennes. Elle devrait maintenir cet avantage pour quelques trimestres grâce à son implication moindre dans le marché du crédit aux États-Unis «, selon John Aiken.

Mais pour son vis-à-vis Michael Goldberg, spécialiste des banques chez Valeurs mobilières Desjardins, le portefeuille de prêts de la Nationale incite à la prudence.

«Même si la dernière provision pour pertes sur prêts est inférieure aux attentes, elle demeure en hausse par rapport au deuxième trimestre précédent et au troisième trimestre de l'an dernier. Si cette détérioration s'accentue, les prochains résultats trimestriels de la Banque Nationale risquent encore d'être affectés «, a avertit M. Goldberg.

Dans l'immédiat, en Bourse, les investisseurs ont préféré célébrer hier les résultats meilleurs que prévus de la Nationale, plutôt que de s'inquiéter déjà des prochains.

Ils ont poussé ses actions en hausse de 4% à 60,89$, alors que stagnait l'indice de marché S&P/TSX.

Il s'agit d'une cote inégalée depuis deux ans pour la Nationale, suffisante aussi pour faire remonter sa valeur totale au-delà des 10 milliards.

En fait, la Nationale a récupéré toute la perte de valeur boursière qu'elle avait subie lors de la crise des papiers commerciaux (PCAA), à l'automne 2007, ainsi que la grave crise financière de l'automne 2008.

Divisions

Parmi les principales divisions de la Nationale, celle des marchés financiers a aisément raflé la palme de croissance au troisième trimestre.

Cette division menée par la filiale boursière Financière Banque Nationale a augmenté ses revenus de 35% sur un an et de 15% par rapport au deuxième trimestre précédent.

Son bénéfice a crû encore plus fortement : en hausse de 54% sur une base annuelle et de 35% par rapport au trimestre précédent.

Quant à la plus grosse division de la Nationale, celle des services aux particuliers et aux entreprises, plus sensible à la récession, elle a accru ses revenus de 7% et son bénéfice de 13% par rapport au deuxième trimestre précédent.

Cette croissance de bénéfice est survenue malgré une hausse de dépenses, conséquence de l'ajout de personnel de services aux clients.

Ainsi, en dépit des coupes de postes administratifs, et sans ajout aux 446 succursales, l'effectif de la Nationale s'est accru de 626 employés au cours des neuf derniers mois, à 17 772 personnes.

«Nous venons d'embaucher 250 personnes pour nos services clients. Nous sommes à les former et à les doter de nouveaux outils informatiques, ce qui devrait avoir un impact positif sur nos ventes d'ici un an», a précisé Patricia Curadeau-Grou, chef des finances et vice-président exécutive de la Nationale.

D'ailleurs, au troisième trimestre, les activités de «gestion de patrimoine» de la Nationale, qui comprennent les fonds d'investissement, affichaient encore une baisse de 8% pour les revenus et de 21% pour le bénéfice, sur une base annualisée.