Jarislowsky Fraser Ltd., troisième actionnaire de la Financière Manuvie, pourrait augmenter sa participation dans l'assureur canadien après que ce dernier eut adopté des mesures pour réduire les risques associés à la baisse du prix de l'action, a indiqué Stephen Jarislowsky, le président et fondateur de la compagnie.

«Je vais probablement en acheter davantage», a précisé M. Jarislowsky au cours d'une entrevue au siège social de la firme à Montréal. Si je peux doubler mon argent dans deux à trois ans, quel mal y a-t-il à cela?» a-t-il demandé.

 

Le titre de Manuvie s'est déprécié d'environ 42% au cours des deux dernières années tandis que les bénéfices ont baissé pendant cinq trimestres consécutifs. En mai dernier, l'entreprise a fait état de coûts de 1,15 milliard au premier trimestre liés à des produits d'assurance tels que des rentes variables. Manuvie n'a pas couvert la plupart de ses investissements de rentes variables jusqu'à cette année, ce qui force l'assureur à augmenter ses réserves pour couvrir les insuffisances au moment où le prix de l'action plonge.

La décision de Manuvie de se prémunir davantage contre les risques de rente devrait contribuer à redresser le prix du titre, croit M. Jarislowsky, 83 ans, cofondateur de la firme montréalaise en 1955 et qui voit maintenant à la gestion d'actifs d'environ 40 milliards.

Réparer le «gâchis»

«Ce gâchis va être réparé, dit-il, et s'ils se couvrent correctement, ils feront autant de profits qu'avant et alors, pourquoi le titre ne grimperait-il pas de nouveau?»

Manuvie, une société torontoise qui est le plus important assureur au Canada, a réduit son dividende trimestriel pour la première fois le 6 août dernier pour préserver son capital. Cette décision permettra à la compagnie d'épargner environ 800 millions par année, a précisé le PDG Donald Guloien.

Au 30 juin dernier, Jarislowsky Fraser possédait 49,5 millions d'actions de Manuvie, d'après des données de Bloomberg. La firme a ajouté environ 4,6 millions d'actions au deuxième trimestre.

M. Jarislowsky a indiqué qu'il avait parlé à M. Guloien au téléphone après l'annonce relative à la baisse du dividende pour se plaindre de la divulgation de la politique de couverture de Manuvie. M. Guloien, 52 ans, a remplacé le PDG Dominic D'Alessandro en mai dernier.

«Mon objection principale tient au fait qu'on m'avait dit qu'il n'y avait pas de problème, a précisé M. Jarislowsky. Je leur ai dit que je n'achetais pas des actions de Manuvie pour faire ce genre de pari. Je suis un investisseur conservateur. Je n'achète pas d'actions lorsque les gens lancent les dés.»

Plus tôt ce mois-ci, M. Guloien a indiqué aux investisseurs que Manuvie projette de réduire les risques.

«Nous réalisons des progrès importants pour réduire notre exposition grâce à des mesures de couverture, a-t-il dit lors d'une conférence téléphonique le 6 août dernier. Nous n'avons pas l'intention de faire tout cela d'un seul coup, a-t-il ajouté. Nous ne croyons pas que ce soit dans les meilleurs intérêts des actionnaires de couvrir toute la position.»

M. Jarislowsky dit qu'il a été surpris par la décision de réduire le dividende de Manuvie de 50%, mais il ajoute qu'il est d'accord avec cette mesure.

«Je n'aime pas qu'on coupe les dividendes, mais c'était la chose prudente à faire, dit-il. C'est plus sage d'adopter cette attitude plutôt que d'émettre de nouvelles actions sur un marché totalement démoralisé.»