Les résultats s'améliorent au Mouvement Desjardins, mais les compressions annoncées jeudi ne suffiront pas à rendre l'organisation aussi productive que les autres institutions financières.

Hier, Desjardins a annoncé un excédent avant ristournes de 117 millions de dollars pour le trimestre terminé le 31 mars 2009. Il s'agit d'une hausse de 75% par rapport au même trimestre de 2008, qui avait été fortement entachée, faut-il dire, par le papier commercial.

 

Malgré cette amélioration, Desjardins a beaucoup de chemin à faire avant de devenir aussi efficace que les autres institutions financières. Jeudi, la présidente, Monique Leroux, a donné des détails sur le «plan d'évolution» du Mouvement, qui mènera à la suppression de 900 postes d'ici trois ans. Au terme de l'exercice, 150 millions de dollars seront économisés, dont 40% avec la main-d'oeuvre.

Pour se comparer aux autres, Desjardins utilise un ratio de productivité, qui est essentiellement le rapport entre les frais d'exploitation et le revenu total du Mouvement. Entre 2006 et 2008, ce ratio oscillait entre 70 et 72%, exclusion faite des effets de la crise financière, notamment l'impact des PCAA.

Au premier trimestre de 2009, ce rapport est passé à 79%. Le taux a augmenté par rapport à la norme même si l'organisation a exercé un contrôle serré des dépenses. Cette hausse s'explique notamment par la pression sur les revenus qu'occasionne le fort recul des taux d'intérêt. Au premier trimestre, ces revenus ont atteint 2,25 milliards, en hausse de 2,9% sur la période correspondante de 2008.

Au cours d'un entretien téléphonique, le vice-président de la planification financière de Desjardins, Benoit Lefebvre, a reconnu que Desjardins a un écart à combler avec l'industrie bancaire, dont le ratio comparable oscille entre 55 et 60%.

Structure coopérative

En excluant l'effet des PCAA, l'écart est de 12 à 15 points de pourcentage. Benoit Lefebvre estime que la structure coopérative de Desjardins coûte entre six et huit points à l'organisation. Par exemple, Desjardins a un réseau de caisses étendu, même en région, où le maintien de points de service n'est pas toujours très rentable.

À terme, l'objectif ne sera donc pas de combler ces 12 points d'écart, mais plutôt six points, environ, fait valoir M. Lefebvre. Sachant que les revenus annuels de Desjardins excèdent les 8 milliards de dollars, l'écart à combler avoisine les 500 millions, soit bien davantage que les 150 millions d'économies annoncées jeudi.

Benoit Lefebvre explique que les quelque 350 millions manquants viendront plutôt d'une augmentation du volume d'affaires plutôt que d'une réduction des coûts. «Nous n'avons pas d'objectifs de réduction de l'écart à court terme. Les cibles seront connues à l'automne, dans le cadre du plan stratégique», dit-il.

Encore le PCAA

Par ailleurs, le papier commercial PCAA a encore amoindri les résultats de Desjardins au premier trimestre. Au total, le papier honni a réduit les excédents de 88 millions. De cette somme, 34 millions sont attribuables à une perte de Desjardins sur une des fiducies de PCAA qui ne faisait pas partie de l'entente de Montréal.

La deuxième tranche, soit 54 millions, s'explique par une baisse additionnelle de 2% de la valeur des PCAA restants. Au 31 mars 2009, la moins-value des 2,4 milliards de dollars de PCAA s'élève donc à 47%, soit 1,1 milliard.

Malgré tout, le portefeuille de prêt de Desjardins demeure solide, comme en fait foi le ratio de prêts douteux. Au 31 mars, quelque 466 millions de dollars de prêts étaient douteux, soit un ratio de 0,44%. Ce ratio est certes en hausse par rapport à celui de 2006 (0,39%), mais il demeure bien en deçà de l'objectif de 1%.

Autre bonne nouvelle: l'encours de crédit hypothécaire était en hausse de 3,9 milliards au premier trimestre, ou 7,2%, malgré le ralentissement des ventes de maisons.

Enfin, le secteur qui comprend Valeurs mobilières Desjardins et Desjardins capital de risque a enregistré un bénéfice net de 3,0 millions au premier trimestre, comparativement à une perte de 4,0 millions au même trimestre de 2008.