Le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke a démenti une nouvelle fois mardi avoir conseillé au PDG de Bank of America, Kenneth Lewis, de cacher la réalité de la situation financière de Merrill Lynch pour ne pas faire capoter son rachat par sa banque.

   «En aucune façon je n'ai demandé à M. Ken Lewis de cacher quoi que ce soit ou de faillir à sa tâche en ne rapportant pas ce qu'il devrait rapporter», a déclaré M. Bernanke devant la Commission économique mixte du Congrès.

   M. Bernanke a ajouté tenir à la disposition du Sénat et de la Chambre des représentants «tous les papiers, documents ou notes relatifs à ses rencontres avec M. Lewis.

   Ces documents «soutiennent mon affirmation irrévocable selon laquelle je n'ai jamais, et d'aucune manière, demandé à M. Lewis de manquer à son obligation de révéler toutes les informations devant l'être», a ajouté M. Bernanke en réponse à une question d'un élu.

   La question portait sur des révélations rendues publiques fin avril par la la justice de New York. Lors d'une déposition sous serment, M. Lewis avait indiqué qu'en décembre dernier, M. Bernanke et le secrétaire au Trésor de l'époque Henri Paulson avaient fait pression sur la direction de sa banque pour qu'elle ne révèle pas l'étendue des pertes de Merrill Lynch.

   Les autorités américaines auraient craint que la révélation de l'ampleur du déficit de la banque d'affaires entraîne un rejet de l'opération par les actionnaires de Bank of America et donc une nouvelle phase d'instabilité dans la finance mondiale.

   M. Bernanke a ajouté que lors de sa rencontre avec M. Lewis en décembre, l'avocat de la Fed était présent et que celui-ci avait «veillé à ce que tout ce qui s'y passe soit conforme en tous points à ce que la loi exige».

   La réserve fédérale avait déjà réfuté les accusations de M. Lewis le 23 avril.

   

   À l'inverse, un porte-parole de M. Paulson avait indiqué le jour même que celui-ci avait délivré un «message fort» à Bank of America en décembre en lui faisant comprendre qu'il serait «inconcevable» qu'elle renonce à absorber Merrill Lynch.

   Celle-ci a finalement été avalée par Bank of America et a puissamment contribué à ses inattendus bénéfices du premier trimestre.

   

   Fragilisé par ce rachat, qui a fait plonger le cours de l'action Bank of America, M. Lewis a perdu la semaine dernière la présidence du conseil d'administration de sa banque.