Après les résultats rassurants de plusieurs grandes banques américaines la semaine dernière, Bank of America (BAC) est venue confirmer lundi la tendance au retour dans le vert des établissements secourus par l'État fédéral, affichant un bénéfice quasi triplé au premier trimestre.

Bank of America, renflouée à hauteur de 45 milliards de dollars par l'État depuis l'automne, a publié un bénéfice net de 4,2 milliards de dollars.

C'est à ce jour le bénéfice le plus élevé publié parmi les principales banques du pays sur les trois premiers mois de l'année: JPMorgan a dégagé 2,1 milliards, Goldman Sachs 1,8 milliard, Citigroup 1,6 milliard, et Wells Fargo a fait état d'un bénéfice provisoire de 3 milliards, qui devrait être confirmé mercredi.

Bank of America, qui a racheté depuis l'automne la banque d'affaires Merrill Lynch et le prêteur hypothécaire Countrywide Financial, avait dégagé un bénéfice net de 1,2 milliard au premier trimestre 2008 et une perte de 1,7 milliard au quatrième trimestre 2008.

Les résultats du groupe ont largement dépassé les attentes: rapporté par action, le bénéfice représente 44 cents, contre 4 cents envisagés par les analystes. Le produit net bancaire a doublé sur un an et atteint un record de 36,1 milliards de dollars, contre 27,1 milliards attendus par Wall Street.

La direction a vanté la diversité des activités de la banque pour justifier ces résultats et indiqué que la banque d'affaires Merrill Lynch, intégrée le 1er janvier, avait contribué pour 3 milliards au bénéfice net, profitant de la conjoncture très favorable dans la banque d'investissement depuis le début de l'année: coûts de financement bas (grâce à l'État américain), écarts sur taux importants et forte volatilité des marchés.

Toutefois, le marché réagissait très mal à ces résultats. L'action perdait 22,17%, à 8,25 dollars, vers 15h45.

Selon des analystes, les investisseurs étaient déçus que le bénéfice ait été dopé par un gain de 1,9 milliard lié à la vente de parts dans la China Construction Bank, et par un gain de 2,2 milliards associé à la baisse de valeur des titres de dette de Merrill Lynch.

Autre raison de fond, «les investisseurs se concentrent sur l'augmentation des créances douteuses sur le trimestre», expliquait Joseph Hargett, de Schaeffer's Investment.

Le groupe a porté à 13,4 milliards de dollars le montant de ses réserves pour créances douteuses, en hausse de 6,4 milliards par rapport à fin 2008.

Ce montant dépasse ceux dévoilés à ce jour par les autres grandes rivales: 10,1 milliards chez JPMorgan Chase et 2,7 milliards chez Citigroup.

Le PDG Ken Lewis a en outre fait savoir en conférence téléphonique que «le crédit se porte mal, et cela va empirer», évoquant les particuliers et les entreprises.

«Nous allons continuer de relever nos provisions pour créances douteuses», a-t-il ajouté, alors que l'économie américaine n'est pas encore sortie de la récession.

Interrogé sur des besoins de financement additionnels, le PDG a toutefois assuré que la banque n'avait «pas besoin de capitaux supplémentaires».

Un avis que ne partageaient pas les analystes de l'agence de notation financière Standard and Poor's, selon qui «une levée de capitaux n'est pas à exclure», car les revenus record de la banque «ne sont pas durables».

Interrogé sur la chaîne CNBC, le PDG a indiqué qu'il souhaitait rembourser l'aide fédérale cette année mais que «cela dépend des régulateurs». Selon le Financial Times, les banques ayant été renflouées par l'État fédéral ne seront autorisées à rembourser les sommes avancées que sous certaines conditions.

Il a dit «ne pas avoir eu de retour du gouvernement» sur une éventuelle volonté de convertir en actions ordinaires les actions préférentielles acquises par l'État en échange de l'aide de 45 milliards de dollars, opération qui se traduirait par une entrée au capital de la banque.