Le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Ben Bernanke, s'est prononcé vendredi contre l'idée d'«imposer des restrictions aux fournisseurs de crédit tellement lourdes qu'elles empêchent» l'innovation dans la finance.

«Je ne pense pas que quiconque veuille revenir aux années 1970. L'innovation financière a amélioré l'accès au crédit, réduit les coût, et augmenté le choix», a-t-il indiqué lors d'une conférence de la Fed à Washington.«Il ne faut pas tenter d'imposer des restrictions aux fournisseurs de crédit tellement lourdes qu'elles empêchent le développement de nouveaux produits et services à l'avenir», a-t-il ajouté.

Il a cependant indiqué que l'invention mal contrôlée de produits financiers toujours plus complexes était l'une des raisons de la crise actuelle.

«Il semble clair que la difficulté à gérer l'innovation lors de la période menant à la crise a été sous-estimée, et pas seulement dans le cas du prêt aux consommateurs», a poursuivi M. Bernanke.

Selon lui, «par exemple, la complexité et le manque de transparence ont été un problème pour certains produits innovants destinés aux investisseurs, tels que certains produits de crédits structurés».

M. Bernanke a invité à «se méfier de la complexité dont le principal effet et de rendre le produit et le service plus difficile à comprendre pour le public visé».

«D'un point de vue de la protection du consommateur, une inquiétude spécifique a été la forte hausse de la complexité des produits financiers offerts aux particuliers, complexité qui a été un effet secondaire de l'innovation mais qui s'est aussi accompagnée d'une transparence et d'une clarté réduites», a expliqué le banquier central.

M. Bernanke a rappelé tous les changements législatifs récents pour remédier au problème, qui obligent les banques à exposer plus clairement les conditions de leurs offres de cartes de crédit et de prêts et leur a interdit certaines.

Mais il a également considéré qu'«il serait mal avisé d'essayer d'arrêter l'innovation financière», revenant sur les progrès considérables faits depuis une quarantaine d'années.

«Tous ces développements ont eu leurs aspects positifs, y compris pour les publics défavorisés», a-t-il souligné.

Il est revenu sur le développement de la carte de crédit, accusée d'avoir favorisé le surendettement, selon lui «un exemple d'innovation financière tirée par les avancées technologiques, dont les améliorations dans les communications, la gestion des données et les historiques de crédit».

Mais l'offre pléthorique de cartes a «induit une complexité croissante et un éventail de choix que les consommateurs trouvent souvent difficiles à évaluer correctement», et «quand la complexité atteint un point où elle nuit à la transparence, cela déforme la concurrence et amène les consommateurs à faire de mauvais choix».

Cependant, «du point de vue du consommateur, les cartes de crédits ont apporté leur côté pratique, facilité la tenue des comptes, et offert de la sécurité par rapport à la perte», d'après M. Bernanke.