Malgré la perte trimestrielle historique et une provision pour ristournes ayant fondu de près de 64 pour cent que le Mouvement Desjardins a déclarées il y a quelques semaines, l'assemblée annuelle générale du groupe coopératif s'est déroulée sans débats houleux. Même que les questions entourant les placements risqués de Desjardins y ont à peine été abordées.

Au début du mois de mars, le Mouvement Desjardins a annoncé un déficit avant ristournes record de 476 millions $ pour le quatrième trimestre de 2008, un résultat attribuable aux fonds de couverture et au papier commercial adossé à des actifs (PCAA). Un an auparavant, le groupe coopératif avait enregistré des excédents de 273 millions $.

Malgré de tels résultats, la revue d'exploitation des filiales Valeurs mobilières Desjardins, Desjardins Gestion d'actifs et Desjardins Capital de risques n'a duré que quelques minutes, samedi, au cours de l'assemblée annuelle générale. Et elle s'est en outre déroulée sans la présence des présidents et chefs de l'exploitation des composantes.

Pour leur part, les activités des quatre autres filiales du Mouvement Desjardins ont fait l'objet de discussions plus élaborées et, surtout, plus animées, quelques blagues ayant même été échangées entre la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, et ses gestionnaires.

Interrogée, lors d'une conférence de presse tenue au terme de l'assemblée, à propos de cette différence de traitement dans la revue d'exploitation des différentes filiales, Monique Leroux s'est défendue d'avoir voulu évacuer le sujet le plus rapidement possible.

Mme Leroux a expliqué que l'assemblée annuelle s'était tenue sur deux jours et que les participants ont eu d'autres occasions pour poser leurs questions. De plus, a-t-elle poursuivi, des contraintes temporelles liées à la tenue de l'événement ont fait en sorte que la revue d'exploitation de ces trois composantes ont dû être abrégées.

«Il y avait une question de temps, et on se disait que le moment le plus opportun pour pouvoir échanger avec la salle était en période de questions et d'échanges, ce que nous avons fait, a fait valoir Mme Leroux. Et les présidents (et chefs de l'exploitation de toutes les composantes) étaient présents, à ce moment-là.»

Au cours de la période consacrée aux échanges avec les participants, une seule question a porté sur les pertes subies par le Mouvement Desjardins en raison de ses investissements dans le PCAA.

L'intervenant cherchait à comprendre pourquoi Desjardins, qui a affirmé ne pas avoir fait la promotion des PCAA auprès de ses clients, en était arrivé à en détenir pour environ 2,5 milliards $.

Dans sa réponse, Mme Leroux a tout d'abord tenu à préciser qu'au moment de l'éclatement de la crise, en août 2007, le Mouvement Desjardins ne possédait qu'environ 180 millions $ en PCAA. Elle a ensuite ajouté que la direction du Mouvement Desjardins d'alors avait décidé de racheter les PCAA détenus par des membres du groupe coopératif.

Il s'agit, a-t-elle poursuivi, d'une décision qui a été prise «afin de protéger les intérêts de nos membres, de nos clients et la réputation du Mouvement Desjardins.»

En mars 2008, Monique Leroux est devenue la première femme à être élue à la tête du Mouvement Desjardins.

Samedi, elle a profité de l'occasion pour présenter un plan d'action voué à faire évoluer le Mouvement Desjardins et à l'adapter à la mondialisation des marchés.

Intitulé «Coopérer pour créer l'avenir», le plan de Mme Leroux se divise en cinq chantiers, portant sur divers aspects tels que la croissance et le développement, le rôle de la Fédération des caisses, l'optimisation de la performance des filiales ou encore le personnel du groupe financier.

Des équipes de réflexion se pencheront sur les chantiers proposés par Mme Leroux, et des décisions seront prises lors du congrès du groupe coopératif de novembre prochain.

Mme Leroux estime que son plan s'inscrit dans le changement, tout en demeurant dans la continuité des valeurs portées par le Mouvement Desjardins. Selon elle, Desjardins se trouve devant un moment charnière et décisif qui commande un tel projet.

«Dans un monde globalisé qui a changé de façon radicale au cours de la dernière année, façonner l'avenir ne sera pas nécessairement facile, a-t-elle déclaré lors de son allocution. Nous devons et devrons travailler très fort»