L'assureur américain AIG, nationalisé à l'automne, a laissé largement inchangée la composition de sa commission d'évaluation des risques, en dépit de pertes abyssales de près de 100 milliards de dollars enregistrées en 2008, a indiqué vendredi le Wall Street Journal.

Cette commission, composée de hauts dirigeants, était «chargée de surveiller certains des investissements les plus importants du groupe, tels les contrats sur le risque de crédit (ou CDS)». Elle «a examiné et approuvé les décisions les plus risquées» de l'assureur, souligne le quotidien des affaires.

Or, «beaucoup de ces opérations ont mal tourné», commente le journal: l'assureur avait enregistré, au 30 septembre 2008, 31 milliards de dollars de pertes sur ses CDS.

Selon le WSJ, qui s'appuie sur des documents internes, ce groupe «a vu sa composition «largement inchangée» en dépit de la crise que traverse AIG depuis septembre. «Au moins cinq des dix membres de ce comité en font partie depuis plusieurs années, et certains même depuis 2003 ou 2004», affirme-t-il.

Parmi ces membres de longue date ayant conservé leur place à la commission d'évaluation des risques figurent William Dooley, patron de la division de services financiers de l'assureur, à l'origine des déboires du groupe, ainsi que Robert Lewis, directeur de la gestion des risques depuis 2004.

Au sein d'AIG, «beaucoup de hauts dirigeants ayant approuvé les stratégies à haut risque de l'assureur avant son effondrement sont toujours à leur poste», constate le journal.

Suite aux exigences du Trésor concernant la surveillance de la gestion des risques du groupe, AIG a toutefois «clarifié» les tâches de l'ancienne commission, désormais renommée «commission finances et risques».

Par ailleurs, dans un article distinct, le quotidien dévoile l'existence d'un avocat, payé par AIG et présent ces quatre dernières années au sein de l'entreprise notamment aux réunions du conseil d'administration, afin de fournir aux autorités de régulation des rapports périodiques sur les pratiques du groupe.

«Ces rapports, rédigés à partir de 2005, n'étaient pas rendus publics», observe le WSJ. Le régulateur américain avait exigé cette surveillance indépendante, suite au règlement en novembre 2004 d'un différend avec AIG au sujet de manipulations comptables encouragées précédemment par l'assureur.

Ces révélations interviennent alors que 165 millions de dollars de primes accordés par AIG à certains cadres de ses activités de produits financiers font scandale aux États-Unis, l'assureur ayant bénéficié depuis l'automne de plus de 170 milliards de dollars de fonds publics.

Vendredi, l'association activiste Freedom Watch a annoncé dans un communiqué que des actionnaires d'AIG avaient engagé devant la justice californienne une action en nom collectif visant à «obliger les dirigeants du groupe à rembourser les millions de primes, dividendes et avantages illégalement perçus».