Deux grands fonds de pensions de Californie ont annoncé mardi avoir demandé conjointement à un tribunal fédéral de New York de prendre la tête des plaignants d'une action en nom collectif intentée depuis deux mois contre Bank of America (bac).

Si leur demande est acceptée, la Caisse californienne de retraite des fonctionnaires (CalPERS) et la Caisse californienne de retraite des enseignants (CalSTRS), «représenteront (en justice) les réclamations de l'ensemble des actionnaires lésés de Bank of America».

La banque fait depuis le 21 janvier l'objet d'une procédure judiciaire conduite par certains actionnaires, qui l'accusent de ne pas les avoir informés des pertes imprévues de la banque d'affaires Merrill Lynch avant la fusion des deux sociétés le 1er janvier, et d'avoir commis plusieurs «omissions» et déformations de la vérité dans cette opération.

Merrill Lynch avait enregistré au quatrième trimestre 2008 une perte de 15,8 milliards de dollars.

«Les actionnaires n'avaient pas d'informations complètes et pertinentes avant l'approbation de la fusion, et leur dissimulation (par Bank of America) a entraîné un effondrement dramatique de (son) cours en Bourse», a expliqué Rob Feckner, président de la CalPERS, cité dans un communiqué.

Parmi les informations non divulguées aux actionnaires, figure l'avancement par Merrill Lynch du versement de plusieurs milliards de dollars de primes à ses employés quelques jours avant la fusion, a précisé M. Feckner.

De son côté, un actionnaire de Bank of America, le fonds d'investissement Number One de Jerry Finger, a lancé simultanément une campagne appelant les autres actionnaires de la banque à voter contre la réélection au conseil d'administration du PDG Kenneth Lewis, ainsi que de l'administrateur principal O. Temple Sloan, lors de l'assemblée générale du 29 avril.

«Nous croyons que la direction et le conseil d'administration ont agi dangereusement et sans égard pour les actionnaires» en décidant l'acquisition de Merrill Lynch, estime Number One dans un document transmis lundi aux autorités de régulation américaines.

Le fonds de M. Finger reproche par ailleurs à Kenneth Lewis d'avoir dissimulé des informations sur les pertes de sa concurrente avant leur fusion et d'avoir été conscient sans l'empêcher du versement de primes par Merrill Lynch, alors qu'il a ensuite sévèrement réduit les primes des employés de Bank of America.

Number One, qui possède 0,02% des parts de Bank of America, invite également les autres actionnaires à voter sa proposition d'un «président indépendant à la tête du conseil d'administration» ainsi que celle instaurant la possibilité d'un vote sur la rémunération des dirigeants de l'établissement.

Vers 10h40, le titre de Bank of America reculait de 3,21% à 7,55 dollars à la Bourse de New York.