Une partie des 170 milliards de dollars US de l'aide fédérale apportée à l'assureur américain AIG devrait revenir au final à des fonds spéculatifs qui avaient parié sur une chute du marché immobilier.

C'est ce qu'a révélé mercredi le Wall Street Journal.Selon des documents obtenus par le quotidien, qui cite également des sources proches du dossier, AIG a bloqué des sommes pour «au moins un établissement majeur», l'allemande Deutsche Bank, pour que celle-ci puisse les reverser aux fonds spéculatifs qu'elle compte comme clients.

En effet, les banques d'investissement, telles que Goldman Sachs [[|ticker sym='GS'|]] et Deutsche Bank, ont vendu aux fonds spéculatifs des instruments financiers complexes (les Credit Default Swaps ou CDS, produits de couverture de risque de crédit) qui leur permettaient de spéculer sur une augmentation des défauts sur des prêts hypothécaires.

Les établissement bancaires, ensuite, s'assuraient auprès de AIG et autres assureurs contre le risque que représentaient pour eux ces CDS.

Lorsque le marché immobilier s'est effondré, plombé par les crédits hypothécaires à risque, les fonds spéculatifs ont entrepris de dénouer leurs positions auprès de leurs contreparties, les banques devant quant à elles voir leurs pertes compensées par AIG.

«Il n'est pas clair quelle part de l'argent public (versé à AIG) profitera finalement aux fonds d'investissements spéculatifs. (...) On ne sait pas quels fonds ont souscrit ces produits avec quelles banques, mais plusieurs fonds importants y avaient engagé des sommes considérables», explique le WSJ.

«En tout, les garanties liées au marché immobilier souscrites par AIG ont coûté 52 milliards au contribuable américain», rappelle-t-il.

AIG a dû faire l'objet de quatre plans de sauvetage successifs, entraînant la mobilisation de plus de 170 milliards de fonds publics, les autorités américaines indiquant que sa faillite pourrait avoir des conséquences en cascade sur la finance mondiale.

Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a annoncé mardi une accélération du démantèlement de l'assureur face à la tempête soulevée par le versement de primes par AIG à certains de ses cadres dirigeants et le fait que l'argent public ait surtout servi à dédommager ses contreparties étrangères.