Le président Barack Obama se démenait mardi pour préserver son capital politique et empêcher que l'indignation soulevée par les primes versées aux dirigeants du géant de l'assurance américain AIG ne complique ses grand projets pour sortir les États-Unis de la crise.

Depuis son investiture, la voix de M. Obama a dominé le débat, pour annoncer ses plans contre la récession et tenir la promesse de rupture avec l'ère Bush.

Mais, lundi, le message de M. Obama, quand il annoncé des mesures pour aider les petites entreprises, a été couvert par les protestations d'indignation devant les primes que l'assureur AIG versait à certains dirigeants.

La révélation de ces primes fait scandale parce qu'AIG a reçu depuis 2008 environ 170 milliards de dollars de l'Etat pour échapper à la faillite, et qu'il n'est toujours pas tiré d'affaire.

Selon la presse, AIG a été submergé de courriels et d'appels scandalisés allant jusqu'à des menaces de mort.

M. Obama a demandé d'employer tous les moyens légaux pour bloquer les primes.

Mais même si l'Etat contrôle désormais 80% d'AIG, le gouvernement paraît avoir les mains liées par des contrats négociés auparavant.

La Maison Blanche ne semble guère pouvoir faire plus que réexaminer attentivement les contrats et prendre des garanties supplémentaires au moment où le Trésor se dispose à accorder à AIG de nouvelles facilités de prêts de 30 milliards de dollars.

Alors que M. Obama a pris ses fonctions en s'engageant à mettre fin aux comportements irresponsables de la finance, la Maison Blanche a été bien en peine d'expliquer son apparente impuissance.

Les 165 millions de dollars de primes qui ont commencé à être virés ces derniers jours ne sont qu'une partie des plus de 450 millions qu'AIG s'est engagé à verser en 2008, avant d'être renfloué par l'Etat.

Le ministre de la Justice de l'Etat de New York Andrew Cuomo a également précisé mardi que onze cadres avaient quitté l'assureur malgré le versement d'énormes primes pour les retenir, qui ont atteint 42 millions de dollars cumulés pour dix dirigeants.

«Il y a deux semaines, le porte-parole du président disait qu'ils (l'administration) savaient à quoi était employé le moindre centime chez AIG. Il est clair qu'ils ne savaient pas de quoi ils parlaient. J'estime que c'est scandaleux et je pense que les Américains sont à juste titre scandalisés», s'est étranglé un des chefs des Républicains, John Boehner.

M. Obama, qui a déjà connu des déconvenues avec certaines nominations gouvernementales, reste néanmoins populaire avec quelque 60% d'opinions favorables.

Mais ses collaborateurs concèdent à demi-mots s'inquiéter que la colère ne rejaillisse sur le gouvernement qui pourra de moins en moins invoquer l'héritage de l'administration Bush.

M. Obama va au devant d'autres combats difficiles, avec son premier budget par exemple. L'ampleur du déficit prévu pour 2009 (1750 milliards de dollars) et des dispositions pour mener à bien d'ambitieuses réformes rencontrent l'opposition des républicains, mais mettent aussi mal à l'aise des démocrates.

M. Obama a mis au défi mardi ses adversaires républicains de cesser d'être le parti du refus.

Pour garder la main, les démocrates ont décidé de remobiliser cette semaine les millions de partisans de M. Obama afin de faire pression sur leurs parlementaires pour qu'ils approuvent le budget.

Et M. Obama devrait attirer un public considérable quand il sera jeudi l'invité du comique Jay Leno, devenant selon la chaîne NBC le premier président en exercice à se produire dans un tel «talk-show».